Exclusion, précarité, SDF, marginaux... Germain Sarhy, le directeur de la communauté Emmaüs de Pau Lescar, tape du poing sur la table. Pour cet homme de conviction au tempérament bien trempé, point de fatalité à ces fléaux ni de complaisance à l’égard de ces hommes et femmes de tout bord pour qui des solutions existent. En ce qui le concerne, donner la pièce à un jeune mendiant équivaut à commettre un délit social ; donc surtout pas. On s’imagine faire une bonne action, on se donne bonne conscience, mais le résultat est que ce geste installe un peu plus l’indigent dans l’assistanat, cause de bien des maux dont celui de laisser ad vitam ces populations dans la précarité.
Le "I" de RMI
A Pau comme ailleurs, les exclus seraient victimes d’un système et pour tout dire du système. En réalité Germain est convaincu que si les SDF ne trouvent pas leur place dans la société, ce n’est pas par choix mais plutôt la résultante d’une société néolibérale. Au final, ils se trouvent bel et bien prisonniers de leur propre exclusion et en aucun cas ne sont des hommes libres. Des solutions existent et les moyens sont là, mais comment faire pour endiguer une précarité et un assistanat de plus en plus présent aujourd’hui ? Lui ne trouve rien à redire quant aux moyens mis en oeuvre par le CCAS de Pau tels que le RMI. C’est la méthode qui selon lui porte préjudice. Aussi nous dit-il que tant que le "I" de RMI restera lettre morte, il n’y aura pas de salut. En fait tous les moyens sont bons à condition que l’Homme soit acteur de son évolution et non pas un spectateur passif.
"Si les mecs crevaient de faim"
Sa philosophie : "mange ce que tu as gagné", car si tu veux manger tu dois participer. Un attentisme stérile n’a ni sa place ni de sens dans son monde. Cela dit, si Germain est rude, il est aussi un homme généreux. La notion de travail et de rentabilité ne rentrent pas en ligne de compte. Le maitre mot est en effet participation. On ne travaille pas vraiment, on participe au bien commun (celui de la communauté) et on fait en fonction de ses capacités propres. L’entraide et la solidarité prennent tout leur sens dans ce petit coin de béarn car là-bas, même si les capacités ne sont pas au rendez-vous mais que la volonté y est, vous pouvez être assurés de trouver un soutien sans faille.
Alors trop dur Germain ? A l’entendre dire " si les mecs crevaient de faim, tu verrais que les choses seraient différentes", on pourrait le croire. Mais en fait il s’agit pour lui d’établir un échange, un équilibre dans les rapports entre les hommes. A Pau, il lutte contre cette hypocrisie consistant à enfermer les gens dans l’inutile, il leur propose une réelle alternative et fait comprendre à tous qu’ils peuvent vivre de leurs efforts.
Je suis tout à fait d’accord avec cet article. On doit exiger que les bénéficiaires du RMI aient une formation pour les insérer et qu’ils donnent de leur temps à des travaux d’utilité public. De plus ça les obligerait à se lever, s’habiller en un mot avoir des horaires.
> Germain Sarhy
9 juin 2008
Lui ne trouve rien à redire quant aux moyens mis en oeuvre par le CCAS de Pau tels que le RMI
Et sauf que le RMI n’est absolument pas "mis en œuvre" par le CCAS mais par l’Etat. Tant mieux si la mairie suit.
> Germain Sarhy
5 mai 2011, par vieille dame
Allez voir sur MISERE ! http://misere.org/ et d’autres sites où s’expriment les "bénéficiaires" des bienfaits de ce personnage... et vous aurez peut-être des idées plus nuancées sur la façon dont on vit le "travail", sans droit ni de protester, ni de se syndiquer dans certains centres Emmaüs...