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Economie & Social : Avis de gros temps sur Lacq

lundi 26 janvier 2009 par Le Buisson Epineux


La fermeture possible de l’usine Celanese à Pardies pose une fois de plus le problème de la gestion mondialisée des Groupes internationaux. Force est de constater que le pouvoir politique, au-delà des ripostes convenues, n’a toujours pas de réponse adéquate à fournir pour prévenir, voire atténuer ces décisions, et tenter de corriger les conséquences, malheureusement toujours désastreuses pour les salariés et la population.

Gros avis de tempête annoncé sur la région de Lacq, et, par ricochet, sur le Béarn en entier. Il ne s’agit pas là de la météo, qui a ravagé le Sud Ouest samedi matin, mais d’un phénomène économique qui pourrait lui aussi se révéler ravageur pour notre population.

En effet, l’annonce cette semaine du lancement d’une procédure d’évaluation en vue de décider une éventuelle fermeture de l’usine Celanese (ex Acetex) à Pardies, a fait l’effet d’une véritable douche froide, pour ses 350 salariés, d’une part, pour tous les emplois sous traités et induits, d’autre part, et donc pour l’ensemble du bassin de vie et d’emploi Béarnais.

La direction du Groupe américain, basé à Dallas (Texas), qui a repris l’usine Acetex en 2005 n’a pas fait mystère de la surcapacité de production depuis le brutal ralentissement constaté depuis l’automne 2008. Spécialisé dans la production d’acide acétique, sa filiale française est un des fleurons de la plate forme industrielle de Lacq. Pour autant, si des mesures d’ajustement étaient attendues, la brutalité de la réponse des actionnaires a surpris. Même s’il ne faut pas s’illusionner sur la sémantique, le lancement de cette évaluation laisse pour le moment peu d’espoir sur la possibilité d’éviter une fermeture totale.

Mais, cette situation est elle si étonnante ?

C’est oublier qu’à l’heure où l’économie s’est mondialisée, la gestion de l’offre n’est absolument pas gérée de la même façon, que l’on soit en Europe, aux USA, ou en Inde...
L’économie américaine est coutumière des ajustements brutaux, où les plans de fermeture de sites et de licenciements massifs, en période de crise, sont ensuite suivis de plans de relance et d’embauches spectaculaires, une fois l’embellie revenue sur le marché des affaires. Avec trois constantes fortes, la primauté du taux de profit, le maintien du cours de bourse (pour éviter les OPA et prises de participations hostiles), et la gestion de la main d’œuvre comme une variable d’ajustement, les américains étant extrêmement mobiles et n’hésitant pas à parcourir des milliers de miles dans leur « pays continent » pour aller chercher le job là où il se trouve.
Expansion et contractions se succèdent dans des cycles, qui, assez longs au 19ème et au début du 20ème siècles (cf Kondratieff), s’accélèrent aujourd’hui.

Le vieux continent, qui a mis en valeur (depuis la 2ème Guerre Mondiale) une tradition interventionniste plus où moins tempérée, selon les pays et les époques, a toujours cru dans à une certaine primauté du politique sur l’économique, cherchant sans cesse une 3ème voie entre le l’économie de marché proclamée, et le modèle administré soviétique qui s’est effondré il y a près de 20 ans.
C’est d’autant plus vrai en France, où les politiques ne cessent pas, à chaque élection, de proclamer à la fois leur vision ethno centriste du monde, leur confiance dans un modèle français spécifique encore très « administré », et, malheureusement, dans les faits, une méconnaissance souvent importante du tissu économique. On a également pu se croire « protégé » des conséquences de la mondialisation parce que abrité par les frontières économiques Européenne, mais on voit bien qu’il n’en est rien.

Ce qui explique qu’à chaque annonce de fermeture d’un site industriel, les élus montent immédiatement au créneau, faisant la une de la presse, tente de manière désespérée de mobiliser décideurs nationaux, financements, aides relais, etc ... alors qu’il est malheureusement bien souvent trop tard. Surtout, dans le cas où l’actionnaire est situé hors des frontières nationales, le pouvoir politique n’a aucune prise sur ses décisions : personne n’a jamais empêché un Groupe multinational de fermer un site local s’il le souhaite.
Il peut seulement retarder (un peu) l’échéance avec les délais juridiques, et surtout se battre pour faire indemniser au maximum les salariés licenciés, et c’est déjà une mission importante.

Pour le reste, les salariés, leurs familles, les populations locales subissent de plein fouet un désastre personnel, financier, familial, humain, et les économies locales doivent supporter pour l’essentiel le coût des indemnisations et du maintien à flot des bassins d’emploi. Ceci, alors que les actionnaires, situés à des milliers de kilomètres, sont à la fois à l’abri des conséquences de leurs décisions, quand ils ne protègent pas trop souvent leurs propres intérêts nationaux, certainement pas par philantropie, mais plus prosaiquement par crainte des rétorsions locales. Sans oublier édifices protectionnistes, rétorsions commerciales, gestion économique et politique commune dans des pays tels que les USA, la Chine, le Japon...

Plutôt que de se désoler de leur impuissance, ne pourrait on pas demander à nos politiques plus de volontarisme au long cours, pour éviter de les voir

Quelques pistes :
- améliorer l’anticipation des élus avec un véritable travail de veille sur le tissu économique.
- essayer ainsi de prévenir à l’avance avec un arsenal de mesures de soutien adaptées (quand on le peut) avec un dialogue constant.
- pour renforcer ce partenariat, les Conseils Economiques et Sociaux régionaux devraient être en pointe, où sont ils ?
- raisonner au niveau de l’Europe, et pas seulement au niveau Français. La cohérence des règlementations économiques reste encore à construire, l’Europe sociale n’existe pas. Beaucoup de choses se gèrent désormais à Bruxelles, la responsabilité promoteurs du non de 2005 est entière, et le plan B a été une véritable imposture que nous payons quotidiennement.
- élever toujours plus la connaissance économique des Français, et l’ouverture du pays sur les autres modèles. Il est plus utile de s’insérer astucieusement dans le nouvel ordre mondial avec ses propres atouts que de dénoncer des mécanismes dont on ne connaît pas la logique.
- favoriser la mobilité des Français à l’étranger, et la conquêtes des marchés à l’export : la crise actuelle, pour sévère qu’elle soit, aura une fin et il y a des potentiels énormes à conquérir ailleurs. Ce qui passe aussi par la primauté à l’enseignement des langues.
- reconnaître que la jungle administrative française ne plaide pas pour le maintien de sites dans le pays quand il sont en concurrence avec d’autres pays, plus souples, plus flexible, plus adaptés. Simplifier rapidement le droit de la vie économique devient impératif.
- adopter rapidement une véritable flexisécurité en France, avec la sécurité sociale professionnelle pour amortir des chocs qui existeront toujours et ne seront jamais anodins
- continuer à développer la formation professionnelle (surtout en cas de réinsertion) et avec des bilans de compétences systématiques tout au long de la vie.
- remettre drastiquement en question la politique de subventions à l’implantation de groupes étrangers en France : qui dira les sommes qui n’ont jamais été récupérées par les entités qui sont parties, laissant une friche industrielle derrière eux ? N’attire t’on pas plus en taxant moins (ce qui ne coûte que si les sociétés réussissent) plutôt qu’en payant au démarrage sans condition de réussite...
- peser tous en Béarn pour un désenclavement rapide des infrastructures de transport. On permettra ainsi de compenser par des installations progressives d’entreprises les fermetures de sites annoncées.


 - par Le Buisson Epineux


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Votre commentaire



> Economie & Social : Avis de gros temps sur Lacq
26 janvier 2009, par GéBé  

Ce projet d’éventuelle fermeture de la CELANESE de Pardies me parait pour le moins inadaptée : 1 - La mauvaise situation mondiale actuelle n’est que conjoncturelle ! 2 - L’appareil productif de la Celanese correspond à des investissements lourds, pour ne pas dire collossaux 3 - Si l’usine doit fermer, les propriétaires actuels ne pourront partir sans procéder à une dépollution des sols qui sera très très importante, à moins que l’État ne laisse faire ! 4 - La part de marché mondiale du site serait loin d’être négligeable et les produits actuellement fabriqués par Pardies devront venir d’Asie ou d’Amérique pour approvisionner le Marché Européen, si le site fermait. 5 - La production du site serait très largement profitable et les frais de personnel auraient un impact peu important sur le Chiffre d’Affaires Il y a certainement d’autres arguments, mais il serait nécessaire d’avoir accès à des données économiques sur l’Entreprise dont je ne dispose pas... Il est impératif que tous les élus se mobilisent pour empêcher une telle aberration économique : avant que toute décision soit prise, qu’ils aillent à Houston pour mieux cerner les intentions de ceux qui voudraient prendre une décision de fermeture et pour leur préciser ce à quoi il faudrait qu’ils "investissent" pour fermer ! Attention également aux conséquences en chaine d’une telle décision sur les autres entreprises locales dépendant de la Celanese de Pardies : Air Liquide, fabricant d’amoniaque, d’engrais, etc... Bien sûr, il est également nécessaire que tous nous nous mobilisions pour empêcher une telle décision !

  • > Economie & Social : Avis de gros temps sur Lacq
    27 janvier 2009, par cordebrume  
    G ben compris

    J’ai bien lu votre message plein de vérités humaines, cependant il faut arriver à admettre qu’une multinationale aussi importante ne s’attache pas à ces détails car vos inquiétudes ne sont que goutte d’eau. On ferme la porte on licencie et puis en entretient le site fermé sans activité. Ceci avec une vague promesse de reprise pour apaiser les esprits. Au bout de dix, quinze, vingt ans...les installations sont bonnes pour la casse et personne n’aura payé. Vous ne me croyez pas ? alors regardez ce qui est présent chez Péchiney à coté pour ne pas aller trop loin. Il ne faut pas oublier qu’une entreprise PRIVEE ne fait pas de sentiments : elle a fait vivre une région par son activité, payé ses charges et salaires et s’en va selon les choix des actionnaires. Il n’y a rien à redire c’est la règle.

  • > Economie & Social : Avis de gros temps sur Lacq
    27 janvier 2009, par Elgatos  
    economie et social

    c’est la régle ? Eh bien il va falloir que ça change . C’est le moment où jamais . Le capitalisme a un genou a terre a nous de le forcer a mettre l’autre , le reste suivra . Et ....rendez-vous le 29 place de Verdun smiley smiley smiley

  • > Economie & Social : Avis de gros temps sur Lacq
    27 janvier 2009, par Martin  
    La mission du politique est de proposer un environnement propice aux entreprises : Routes, avions, trains, formations & aide R&D, cadre de vie pour fixer les talents, culture pour les salariés, services médicaux ... sinon, vous pouvez aussi imaginer un système ou la décroissance sera un objectif...

  • > Economie & Social : Avis de gros temps sur Lacq
    27 janvier 2009  

    Erreur :

    la même règle avec Péchiney entreprise étatisée. Au staff de Péchiney pour décider la fermeture de l’usine : Martine Aubry direcrice générale ! Le tout orchestré par Fabius premier ministre.

  • > Economie & Social : Avis de gros temps sur Lacq
    26 janvier 2009, par Cordebrume  
    LE REVEIL DE L’AUTRUCHE

    Depuis trente ans le site de Lacq perd des entreprises et les ELUS SONT SATISFAITS DE LEUR ACTION LOCALE. Maintenant que la cloche sonne et le navire coule les victimes sont toujours les mêmes. Au lieu de favoriser les associations sportives et autres cigales pour se faire élire ils auraient mieux fait de redévelopper les ressources locales comme il y a cinquante ans : la chaussure de luxe, les couvertures, le textile, le bois, le meuble, la mécanique, l’artisanat, les spécialités locales. Le tourisme a su le faire ! Les emplois de service aux personnes c’est bien mais QUI PAIE ?

  • > Economie & Social : Avis de gros temps sur Lacq
    26 janvier 2009, par vval  
    L’analyse de BUISSON EPINEUX et la votre sont vraiment dans la lignée de ce que devraient faire les politiques. Le problème pour eux de se projeter dans ce mouvement est, je pense, le fait qu’il n’ont jamais travaillé avec leur argent ou dirigé une entreprise qui doit trouver ses ressources autrement que par l’augmentation permanente des ses prestations et gérer des depenses de fonction avec les benefices obtenus. Combien d’élus denoncent le fait que si une entreprise investit dans l’outil de travail la taxe pro suit et qu’elle pénalise cette entrepise du même coup. Il crient au loup, mais quand les brebis sont grasses la classe politique s’en nourrit et quand ces mêmes brebis maigrissent,ont les jette en pâture ; haro sur les dirigeants ou les accionaires, en oubliant que s’il n’étaient pas là il n’y aurait pas eu le debut d’une histoire. Je ne suis pas economiste, je ne suis pas accionaire,je ne suis pas politique, je n’ai aucune de ces envergures, mais je sais qu’une entreprise si on lui laisse gagner de l’argent elle finira par le distribuer. Penser que seul les bénefices dans une poche comptent et pas, les hommes ou les femmes qui créent ce bénefice, c’est avoir une etroitesse d’esprit qui limite toute discussion.

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