C’est un ami britannique de
passage à Pau qui me racontait récemment cetteblague. Selon lui, elle ferait fureur outre-manche et pour tout dire,
dépeindrait assez bien l’environnement dans lequel vivent les français. Force
est de constater que la grève est un monumentincontournable du patrimoine français et il n’est donc pas étonnant de
constater que, dans les esprits de nos contemporains, les arrêts de travail ont
remplacé la gastronomie en matière de spécialité typiquement française. Un
soupçon de honte et une grande lassitude s’emparent alors de moi.
Et Mr Smith
de continuer, m’apprenant ainsique
prévoirun voyage dans notre beau pays
relève de la loterie. Incrédule, mon ami ne comprend pas que l’image du gaulois
rebelle et frondeur se soit à ce point dégradée. Aujourd’hui à l’étranger, on ne
parle plus que de cette France malade de ces conflits sociaux à répétition sur
les lesquels les syndicats prospèrent alors même que leur représentativité
reste marginale. Et ce n’est pas là le moindre de nos paradoxes.
Perdant pied
dans la conversation, je tente à tout prix d’argumenter en faveur de ma
paroisse mais les idées manquentpour
tenter de lui expliquer le bien-fondé de certaines revendications aboutissant à
la grève. Smith, lui, enchaîne et m’explique que les ravages de la crise
financière ont les mêmes conséquences partout dans le monde et qu’il va falloir
se retrousser les manches si l’on veut croire en des jours meilleurs. Il faut
dire que les anglais ne sont pas à la fête tant ils sont mal lotis sur le plan
des aides sociales ; se colleter à la réalité, ils connaissent. L’anglais
est avant tout pragmatique et a vraiment du mal à comprendre le français chez
qui tout est forcément politique donc biaisé. La conversation dérape et je
commence à avoir hâte qu’elle se termine.
Pourtant il fait mouche quand il
me questionne au sujet du but de cette mobilisation et surtout sur ce qu’il
faut en attendre compte tenu que la crise financière a rétamé tout le monde. Je
lui explique alors que le pouvoir d’achat est la motivation première des
manifestants bien qu’en général ce type de mouvement soit plus ou moins
fourre-tout et que les règlements de compte en tout genre soient légions. Mais
bon, je lui précise que, grosso modo, les revendications devraient tourner
autour d’un concept simple : « de l’argent pour les gens, pas pour
les banques ». Sa réponse fuse : donner de l’argent hors
investissement c’est s’endetter sans contrepartie et creuser le déficit
commercial en faveur des chinois. Retors l’animal. Puis il continue,
catégorique : on ne relève pas une économie sans sacrifices et la
démagogie accompagnant les grèves à répétition que nous connaissons devrait
être bannie. Il persiste : les français sont des gens responsables et
adultes, il faut leur dire la vérité, à savoir que les années à venir s’annoncent
« durailles ».
Enfin il signe et me livre le fond de sa pensée :
l’Occident et ses richesses ont vécu et si l’on veut sortir la tête de l’eau,
il faut savoir renoncer à certaines inepties d’un autre temps, en particulier à
ce cocktail détonnant et unique en Europe que sont le droit de grève et
l’emploi à vie des fonctionnaires français et assimilés. Il est vrai qu’en
Europe les fonctionnaires ne bénéficient pas du beurre et de son argent. Ils
ont en effet soit le droit de débrayer -auquel cas ils ont des contrats de
droit privé- soit une garantie concernant la pérennité de leur emploimais dans ce cas la grève leur est interdite.
En France, par lâcheté politique, on fait perdurer un système inique et réellement injuste. Les salariés du privé
ont certes des droits mais ceux-ci font l’objet d’une application mesurée
compte tenu des contraintes économiques inhérentes à ce secteur. On est donc en
droit de se demander ce que font les syndicats. Mon ami a la réponse : que
dalle car pas assez porteur et insuffisamment nocif pour la société, à croire
que le chaos est leur fonds de commerce. Concernant le privé, les syndicats
auront beau clamer haut et fort que ce secteur aura bien été un acteur majeur de ces grèves, leur présence dans les défilésreste largement minoritaire au regard du
nombre d’employés des hôpitaux, de la
Poste, d’EDF, des transports...
Déboussolé par la perfide Albion, je pense un
temps déposer les armes. Se rejoue dans ma tête les matchs de rugby perdus
contre nos amis britishs. Ont-ils raison et avons-nous à ce point tort ?
Mais j’y pense, on a déjà tous perdus...
il faut savoir renoncer à certaines inepties d’un autre temps, en particulier à ce cocktail détonnant et unique en Europe que sont le droit de grève et l’emploi à vie des fonctionnaires français et assimilés. Il est vrai qu’en Europe les fonctionnaires ne bénéficient pas du beurre et de son argent. Ils ont en effet soit le droit de débrayer -auquel cas ils ont des contrats de droit privé- soit une garantie concernant la pérennité de leur emploi mais dans ce cas la grève leur est interdite.
Encore un texte écrit à la va-vite sans le moindre souci de vérifier les affirmations énoncées. Ou alors le sont-elles en connaissance de cause à des fins de propagande ?
Cette généralité "les fonctionnaires en statutaires en Europe (sauf en France) n’ont pas le droit de grève" est fausse. Autant de pays, autant de réglementations et de cas particuliers (même si la France est effectivement dans le groupe des pays les plus permissifs pour le droit de grève, mais le cas n’a rien d’"unique").