Ouvrir un livre en été est comme ouvrir un parasol. Ca rafraîchit, et ça fait réfléchir l’esprit des vagues à l’abri des ultraviolets, ça plonge dans les récifs du songe, bref lire c’est dangereux, surtout pour les hommes. Courage, lisez !

Comment, qu’est-ce que j’apprends en écoutant France Inter (21/07/09) ? Un français sur deux ne lirait qu’un livre par an, un français sur deux ne lirait même pas un livre par an. Affolant.

Plongeons dans ce néant.

Sur "nonfiction.fr" (13/03/09), on apprend que 10% de nos compatriotes dévorent plus de 20 ouvrages par an (des fous !), quand 34% avouent (dans le secret d’un cabinet fermé à double tour) avoir lu moins de 5 livres dans l’année...quant aux autres, majoritairement des hommes, question bouquins, c’est le désert des Tartares.

Par contre, 97% de la population lirait chaque jour un titre quotidien (mais juste les intitulés écrits assez gros pour les lire en kiosque sans l’acheter ?), et la presse magazine (pour les belles images).

"Le Figaro.fr" (même date), constate que les femmes(42%) lisent plus que les hommes (26%), d’où l’on peut admettre que l’égalité des sexes , au moins dans ce domaine...

Politiquement, toujours selon le Figaro, nous aurions le pourcentage de lectorat suivant : Modem 47%,UMP 41%, PS 37%, Verts 32%, apolitiques 25%, A&P 99% (le lundi).

La lecture apparaît (50%) comme une détente, un sas culturel, un moyen d’évasion (38%), un support de réflexion (23%), une excuse pour ne pas travailler avec ses mains (100%) ou un simple prétexte pour faire la sieste dans le jardin ombragé l’été.

Dans "TV5/littérature/critique", un article intéressant sur "les femmes qui lisent sont dangereuses", de Laure Adler et Stefan Bollmann (Flammarion). Extraits de la critique : ".../...Depuis que la peinture existe en Occident (et que la photographie la complète), les femmes sont représentées un livre à la main, de Marie (la Vierge) à Marilyn (l’Etoile). Les femmes lisent, les femmes ont toujours lu : voilà une vérité qui ne souffre pas d’interprétation." ".../...Que la lecture soit l’affaire des femmes, le travail des peintres et des photographes en donne une idée plus lumineuse et plus vraie que ne le feront jamais des comptes ou des statistiques. Tout, dans les corps et les visages, s’accorde à cette formidable activité mentale : les visages rêveurs ou concentrés, les corps ramassés ou alanguis, les mains gracieuses et précises... Les décors sont des lieux qui transpirent le plaisir - jardins en été,canapés, fauteuils profonds - et même le bonheur - lits, chambres, intérieurs domestiques... Nues, joliment déshabillées, parfois splendidement vêtues, les femmes qui lisent sont belles. Comment mieux dire que la lecture est toute sensualité, et parfois tout amour ?"

On comprendra cet homme, dont parle Antonio Lobo Antunes dans une de ses chroniques, qui, oubliant ce qu’il avait lu la veille dans son livre, en reprenait la lecture au départ. Il ne termina le livre qu’à la fin de son existence. C’était, en soi, le livre de sa vie. Ou encore cette réflexion du même Antonio : "j’ai lu il y a très longtemps dans un livre que la patrie d’une femme est la terre de ses amours." Ainsi que se lit l’avenir dans les lignes de la main, l’avenir du livre tient dans les yeux d’une femme, admirablement belle.

- par AK Pô

22 07 09