On a bien le droit de juger comme on veut un livre d’exil écrit en français -- le premier qui ne sera pas une traduction ni écrit avec un francophone de langue maternelle par cet auteur de langue italienne --. Le reste, le jugement de valeur sur la personne pour délit de sale gueule, parce qu’on a avalé la désinformation orchestrée à son sujet depuis des années, sous le sceau de la sécurité internationale préventive du 11 septembre après coup, avec l’ingérence pressée du lobbying italien berlusconien alors partie prenante dans la Presse française et des marchés présidentiels, d’abord cela rompt avec le scepticisme qui caractérise la pensée de Montaigne, celle qui a honoré la libre pensée et l’insoumission chers à la culture du sud ouest et du sud, et de plus cela transforme en meute des personnes cultivées qui autrement se targueraient à juste titre de pouvoir énoncer des critères du bon jugement littéraire.
On ne devrait pas reparler ici de Polanski, tant il n’est pas souhaitable de déterrer les malentendus et le populisme peu honorables et l’obscénité de l’expression de nos malaises domestiques, dont son traitement interactif a fait l’objet... Mais, on peut tout de même commencer par faire remarquer l’amalgame des mauvais, qui rappelle la fable de La Fontaine apprise à l’école comme un exemple de raisonnement à ne pas suivre : "si ce n’est toi c’est donc ton frère" -- car cela constitue des boucs émissaires.
On peut donc poursuivre sur Polanski avant de revenir à Battisti, histoire d’éclairer l’horizon de la différence qui pourrait permettre de distinguer le cas du second, ce n’est pas le sujet mais puisque décidément on revient aux sous entendus nourris par la rumeur, alors il y a encore à dire sur la désinformation, selon laquelle il n’aurait pas été jugé et réprimé pour le viol (il fallait donc qu’il aille purger sa peine) alors qu’il le fut.
L’affaire du viol par Polanski est réputée jugée et la peine purgée dans l’énoncé même de la demande d’extradition américaine à la Suisse, attribuant le mandat d’arrêt international à des "relations sexuelles illégales avec une mineure" (sans plus de détail). Il s’agit en effet d’une accumulation délictueuse après avoir purgé prison caution et dédommagement à la victime pour le viol, par l’effet de laquelle il allait être de nouveau jugé non pas pour la violence commise mais pour irrespect de la loi, au moment où il a fui pour échapper à un second emprisonnement (qui put être celui-ci définitif). Il a enfreint la loi américaine (en l’occurrence la loi qui interdit d’avoir des échanges sexuels avec des mineurs -- même consentis entre eux et par les responsables légaux), alors qu’au même moment, en France, le mariage d’hommes adultes quelque fut leur âge avec des filles mineures d’au moins 15 ans était légal, et par dérogation couramment toléré jusqu’à l’âge de 14 ans en cas de gestation (dans la situation où aucune plainte pour détournement de mineur n’avait été déposée). L’inverse, la tolérance des relations sexuelles consenties entre des femmes adultes et des jeunes gens mineurs n’était pas prévue par la loi française -- juste pour dire le détail misogyne qui assortit globalement ces deux dispositions sexuées.
Les femmes n’ont pas besoin qu’on les protège, elles ont besoin d’être respectées, en égales hiérarchiques de la puissance de soi, à commencer concernant les pactes institués et idéologiques avancés par ceux qui prétendent les défendre.
Aux moralistes : dans le cas de Polanski il faut commencer par savoir balayer devant sa porte.
Quant à lui, délit de subversion de la loi redoublé par l’insoumission au juge (fuir au lieu de se présenter à son second appel)... c’est la question de la différence culturelle et institutionnelle entre deux pays, si cela est encore pertinent dans la société mondiale, l’un criminalisant globalement toute relation avec une mineure (USA) et plus fort que tout l’insoumission à la loi, l’autre pas (FR criminalise la violence elle-même plutôt que l’insoumission -- du moins à ladite époque, quand le devoir d’insoumission réduit à un seul individu face à l’injustice ou à l’infamie était inscrit aux droits de l’homme en annexe de la Vè constitution -- il n’a disparu qu’en 1989 -- alors que Polanski était déjà un citoyen français). Cela constituait une raison objective de pouvoir considérer comme juste le refus d’extrader dans le cadre des traditions du refuge politique selon les droits d’un pays d’accueil tel que le nôtre (où il fallut que la Suisse commençât par extrader la bête pour laisser notre pays prendre ses responsabilités face à la demande américaine)... Ceci n’est pas une opinion morale sur Polanski mais une information. Merci de ne pas confondre avec l’exposé d’un parti pris pour un violeur.
Concernant le sujet de l’article, Battisti et l’adaptation de son dernier ouvrage publié, assortis du lien pour signer la pétition rédigée par un écrivain et un journaliste brésiliens (connus pour la défense des libertés dans leur pays et pour l’un depuis la fin des années 60)... Je vais donner un lien qui remettra peut-être les pendules à l’heure -- si c’est encore possible après plusieurs années de travail de désinformation en profondeur -- pour conforter l’auteur de ce blog héroïque.
Pour découvrir le texte lié, il faudrait juste admettre que parmi les écrivains du Polar en France Vargas soit tout de même la plus reconnue en volume de lecture y compris par les amateurs éclairés, et attribuée des plus hautes récompenses du genre en Europe. Et donc, au moins cela pour ne pas la voir qualifiée de mauvais écrivain parce que le fait de s’intéresser au mal Battisti contaminerait toute littérature, même si l’on préfère autrement Guyotat (ce qui pourrait être mon cas comme je ne lis pas spécialement Beigbeder -- mais je n’ai rien contre).
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