Dans « La République des Pyrénées » du mardi 12 janvier 2010, un article signé Eric Normand écrit : « Les superlatifs n’ont pas manqué, hier matin, à Lacq et les promesses de lendemains dorés non plus ». Un peu plus loin, « La secrétaire d’état aux technologies vertes a ainsi pointé un prometteur marché, celui de l’enfouissement du CO2, qui pourrait atteindre 600 millions d’euros en 2030... » Christophe de Margerie « a parlé d’un vrai bonheur, pour un projet merveilleux ».
Pendant ce temps, les Palois de Total brandissaient une banderole : « Total : bénéfice 8 milliards ; salaire : 1,1%.. » et les riverains de Chapelle de Rousse lançaient une procédure en annulation.
Nous sommes en face d’un problème à trois entrées : La première est locale, individuelle, sociale ; les habitants de Chapelle de Rousse ont peur ; peur pour eux, leur famille leur patrimoine, malgré les promesses tenues que « toutes les garanties avaient été prises...et des mesures, au-delà des obligations réglementaires, pour anticiper d’éventuels pépins. ». Ils ont du mal à admettre qu’on puisse accepter de les sacrifier pour « progresser » ! Or, le risque zéro n’existe pas, l’exemple de l’explosion de Toulouse, avec le même propriétaire, a laissé des traces !!!
La seconde est économique, financière, technologique. C’est le fruit d’une compétence remarquable de l’entreprise, une inscription majeure dans le CV de TOTAL, l’assurance d’une bonne place dans la compétition internationale et donc de gros profits à venir... Mais, ils ne sont pas les premiers !
Enfin,, au plan écologique, un nouveau rapport du GIEC estime que le stockage du CO2 à grande profondeur pourrait être une arme efficace contre le changement climatique en complément d’une lutte contre les émissions mais seulement si les technologies sont affinées. Le projet de Chapelle de Rousse est un test »en plein champ », une réponse à la préoccupation « d’affinage » mais ce n’est qu’un nano-intérêt écologique. : Le Monde du 11 janvier 2010 : « Total a comme objectif de capter et de piéger environ 120.000 tonnes de CO2 sur les deux prochaines années."C’est une quantité de CO2 équivalente à celle rejetée par 40.000 voitures pendant la même période », c’est moins que le nombre de voitures qui circulent en 6 jours de faible densité, uniquement sur la route Pau Langon. Le rapport qualité prix devrait nous faire choisir un concurrent !
Actuellement, cette technologie : • ne peut pas être généralisée car très hypothétique dans beaucoup de zones géographiques et géologiques, sans un transport sur de longues distances très coûteux en énergie. • consomme elle-même beaucoup d’énergie, • est très coûteuse financièrement, • a un impact faible en dehors des grandes centrales de production. • ne concerne que le CO2 alors que bien d’autres gaz à effet de serre, plus actifs ou plus toxiques ne sont pas prélevés.(méthane,ozone, protoxyde d’azote, carbures halogénés...) • en dépit d’une technologie très sûre, le risque zéro n’existe pas. Pour être mise en œuvre à grande échelle (stockage de dizaines de millions de tonnes), cette filière nécessite d’importants progrès scientifiques et technologiques permettant de la rendre attractive économiquement et de garantir la fiabilité à long terme des stockages • l’objectif n’est pas de produire moins de CO2 mais d’en libérer toujours plus en le cachant. Il n’est pas donc pas question, en parallèle, de lutter contre les émissions, comme le souhaite le GIEC. • des sommes suffisantes ne sont pas allouées pour permettre le développement des énergies renouvelables alternatives, le nucléaire n’étant pas une énergie renouvelable.. • elle cache, médiatiquement,la pollution chimique de l’air, du sol, de l’eau bien plus dangereuse dans l’immédiat, • elle est un frein à d’autres solutions transitoires comme l’utilisation des micro-algues • petit détail sans doute, mais n’est pas très esthétique dans le paysage, sauf pour les amateurs d’art contemporain !. Bilan :Elle me paraît plus favorable au développement durable du PIB, au verdissement et aux profits ahurissants des pétroliers, qu’à la diminution de l’effet de serre.
Le jour où on ne considérera pas comme essentiel :de manger un pot de yaourt à la fraise qui a fait 9000 Km, la circulation de 30000 véhicules par jour sur l’axe BX Bayonne, qu’il faut changer de voiture tous les deux ans....... Le jour où on plantera des arbres sur les autoroutes, les terrain d’aviation, les centaines d’hectares réservés aux grandes surfaces commerciales..., les cultures de canne à sucre, de soja ou de palmier à huile. .. Alors, il ne sera plus nécessaire de creuser à 4500 m pour enfouir du CO2 !
C’est un choix de société, c’est un choix politique.
Total a comme objectif de capter et de piéger environ 120.000 tonnes de CO2 sur les deux prochaines années."C’est une quantité de CO2 équivalente à celle rejetée par 40.000 voitures pendant la même période », c’est moins que le nombre de voitures qui circulent en 6 jours de faible densité, uniquement sur la route Pau Langon.
il va falloir réviser les règles de trois, là...
En fait cette comparaison n’a aucun sens, même, elle mélange des choux et des carottes.