Les conséquences du séisme en Haïti sont abordées ailleurs sur notre site et largement commentées dans les médias. Il sera ici question d’ébranlement de la confiance.
On le sait bien, dans un couple, un petit rien peut déclencher un ébranlement de la confiance : un cheveu, une trace de rouge à lèvres... Pour ce qui est de la confiance en les institutions et en les hommes ou femmes politiques, tout n’était pas aussi clairement connu avant le sondage de la Sofres.
La défiance des Français vis-à-vis des hommes/femmes politiques ne date pas d’hier. Mais le baromètre fourni par ce sondage est clair : moins de proximité engendre moins de confiance : alors que 21% des sondés font très confiance en leur maire, seulement 7% font très confiance au Chef de l’Etat (et, pour ce qui est de la confiance, cela va de 69% à 35%). Il y a aussi un écart important entre la confiance accordée à son député (58%) et celle accordée à son député européen (44%). En revanche, on constate un faible écart entre le conseiller général (62%), le conseiller régional (59%) et le député, de sorte que l’on ne peut affirmer que la proximité soit le seul facteur intervenant dans la confiance inspirée par nos représentants.
Un écho de cette défiance se trouve dans la part accordée aux partis politiques (23% de confiance) et même aux syndicats (47% de confiance). Ce n’est pas étonnant ; mais n’est-ce pas regrettable pour la démocratie dans ce pays ?
La surprise de ce sondage vient de la confiance accordée aux différentes institutions ou organisations. Elle va de 37% pour les banques (seulement alors que nous leur confions notre argent et que nous avons en général de bonnes relations avec leurs employés locaux !), à 90% pour le CNRS (et 86% pour les hôpitaux et 82% pour l’école).
Les médias ne sont pas bien lotis : 27% de sondés leur font confiance, et seulement 2% leur font très confiance. C’est aussi surprenant lorsque l’on observe la fréquentation des journaux télévisés et l’attachement des lecteurs à leur journal. Par quoi s’explique cette perte de confiance ? Prenons l’exemple du journal « Le Monde », un des journaux auxquels les lecteurs manifestaient le plus d’attachement jusqu’ici. Dans les colonnes qu’il consacre à ce sondage, il « oublie » de mentionner le score du CNRS. Or, quelques jours auparavant, M. Sarkozy avait « oublié » de mentionner le CNRS dans les vœux qu’il a prononcés au monde de la recherche sur le plateau de Saclay. Coïncidence ou fil conducteur ? Le doute est là et il peut faire des ravages.
On peut faire tout dire et son contraire à des sondages.
On aurait pu compléter les questions de confiance par une question de base : "connaissez vous votre député européen (ou votre conseiller Régional) et connaissez vous ses actions ?"
Le résultat aurait été calamiteux...
mais instructif.
On verra dans les semaines qui viennent des sondages du type : "voulez vous que l’on supprime le Conseil Général ?"
Alors que la question devrait être : "pensez vous qu’il soit judicieux de supprimer le Conseil Général pour transférer toutes ses activités au Conseil Régional, dans le but de mieux gérer l’ensemble tout en donnant plus de lisibilité pour le citoyen ?"