Le
réseau de fibre optique de la communauté d’agglomération de Pau-Pyrénées se
développe depuis 2003. Tant la pose du réseau que son exploitation nécessitent un
savoir-faire spécifique que ne possède pas la CDAPP. Elle a donc attribué une
délégation de service publique à la SPTHD (société paloise pour le très haut
débit) ; entité spécialement crée pour exploiter le réseau par le groupe
AXIONE.
AXIONE, opérateur
global d’infrastructures télécoms pour les collectivités territoriales, a
acquis, au travers de l’exploitation du tout premier réseau de fibre optique
installé en France, un véritable savoir-faire. Depuis Pau, la société gère maintenant
le réseau de la CDA (via la SPTHD) mais aussi une douzaine d’autres réseaux qui
se sont développés depuis 2003. Ce
marché est en plein « boom ». AXIONE Pau a de beaux jours devant
elle.
Rencontre
avec David THOUAIBI, directeur de la SPTHD et d’AXIONE Pau. Il nous parle de la SPTHD et ses challenges
locaux mais aussi d’AXIONE et son développement national. Les deux sociétés sont basées au « Piano ».
Alternatives Paloises - En quoi le réseau de fibre optique présente un intérêt pour les internautes de la communauté d’agglomération ? David TOUAIBI - Le réseau de fibre optique du PBC se distingue des autres technologies, comme la plus courante l’ADSL, par les capacités de débit qui avec la fibre sont quasi infinies. Sur Pau, les opérateurs de services ont des offres à hauteur de 100 mégas dans les 2 sens en émission comme en réception. C’est très différent des offres ADSL grand public sur lesquelles on est dans le meilleur des cas sur des ordres de 20 mégas en réception et plus faible encore en envois de fichiers. Le deuxième élément distinctif, c’est la simultanéité des usages. Le fait de bénéficier de beaucoup de débit avec la fibre permet en même temps de pouvoir regarder des chaines de télévision en haute définition et bientôt la télévision en 3D, visionner sur un autre poste un film vidéo à la demande, téléphone avec la « box » et surfer sur internet en récupérant la dernière mise à jour de votre anti-virus. Tout cela fonctionne en même temps sans aucune congestion puisque la capacité de la fibre optique le permet.
Alternatives Paloises - Le réseau de fibre optique a démarré en 2004, combien d’internautes surfent sur le net grâce à ce réseau ? David TOUAIBI - Il faut distinguer d’abord deux types de clients : le grand public et les entreprises. Sur le grand public, on compte 8600 foyers raccordés et utilisant le réseau de fibre optique avec des services « triple-play » : internet, télévision, téléphone et un débit de 100 mégas symétrique.
Alternatives Paloises - Ces 8600 abonnés représentent quoi par rapport au potentiel de raccordables ? David TOUAIBI - Sur plus de 75.000 foyers que compte l’agglomération, le réseau en adresse près de 50.000 raccordables. Bien sur tous les habitants de la CDA ne sont pas équipés d’un ordinateur et utilisateur d’internet. On évalue à 35.000 le nombre d’utilisateur d’internet dont 8600 utilisent le THD (ndlr : avec SFR comme opérateur) soit un internaute sur 4 de la communauté d’agglomération.
Alternatives Paloises - Sachant qu’Orange aurait environ 17.000 abonnés, SFR en ADSL 3.500 à 4.000... David TOUAIBI - Free, Numéricâble sont aussi également présent sur la communauté d’agglomération avec des technologies qui ne sont pas de la fibre et sur lequel l’habitant peut hésiter en termes de service.
Alternatives Paloises - Quel est l’intérêt de SFR d’être sur Pau ? David TOUAIBI - Historiquement, SFR était Neuf Cegetel. Son métier a été d’apprendre la fibre optique ce qui a permis à SFR d’avoir aujourd’hui une offre, avant tout sur les grandes villes de France. L’intérêt d’être à Pau, c’est de pouvoir se distinguer des offres ADSL de ses concurrents en utilisant un réseau qui est tout à fait à maturité contrairement à ce qu’on trouve sur les autres agglomérations françaises.
Alternatives Paloises - Les 8600 abonnés à la fibre sur Pau n’ont pas d’autre offre disponible sur la fibre. Y a-t-il un risque que SFR quitte le « laboratoire palois » ? David TOUAIBI - C’est une question qu’il faudrait poser à l’intéressé lui-même SFR. Il me semble que cette probabilité est exclue. SFR nous a renouvelé récemment son engagement d’offre de services aux habitants de la CDA avec une offre qui le distingue de ses concurrents. Je rappelle toutefois que le réseau PBC n’est absolument pas une exclusivité pour SFR et que l’ensemble des opérateurs qui sont présents sur le marché en ADSL ont la possibilité aux mêmes conditions techniques et financières de pouvoir utiliser le réseau PBC
Alternatives Paloises - Vous êtes opérateur d’infrastructure. Comment se réalise la mise en place du réseau de fibre optique ? David TOUAIBI - A travers le contrat de délégation de service public qui nous lie à la CDA, nous avons un engagement réciproque de déploiement d’environ 5000 foyers par an. Les priorités sont fixées avec la CDA en concertation en fonction des opportunités de construction sur notamment les autres travaux qui pourraient être faits comme les « effacements de réseaux » qui passent de l’aérien à de l’enfouissement de réseau (tel et électricité) dans les rues. Procédant en coordination, cela permet de préserver les finances publiques.
Alternatives Paloises - L’introduction de nouveaux opérateurs ne serait-ils pas un gage de meilleurs services pour les internautes ? David TOUAIBI - Le fondement du PBC est effectivement le développement de la concurrence qui est un moteur de la qualité de service. Le réseau est donc ouvert à de nouveaux acteurs. Nous sommes en pleine réflexion sur une évolution technique du réseau de façon à pouvoir attirer ces nouveaux opérateurs et donc offrir de nouveaux services aux palois.
Alternatives Paloises - On a une idée sur qui pourrait intervenir demain sur le PBC ? David TOUAIBI - On est dans une période d’inventaire et d’ingénierie pour attirer ces nouveaux opérateurs. Il est trop tôt pour en dire plus. Dès le deuxième semestre 2010, nous pourrions avoir de nouveaux opérateurs.
Alternatives Paloises - Il existe un indice de satisfaction de l’utilisation du réseau aujourd’hui ? David TOUAIBI - Pour le grand public, c’est à SFR de répondre. En ce qui nous concerne nous avons un indice de disponibilité du réseau extrêmement élevé qui est de 99,89%. Le nombre d’heures d’indisponibilité du réseau est extrêmement anecdotique. De nombreux investissements ont été réalisés sur le réseau PBC depuis 2 ans avec des équipements de réseau qui ont complément été renouvelés. Par exemple durant l’été 2009, on a beaucoup travaillé sur la stabilité électrique du réseau afin de maintenir le service aux palois en cas d’orage ou de coupure électrique. C’est un peu l’envers du décor.
Alternatives Paloises - Pau a toujours quelques longueurs d’avance avec son réseau de fibre optique... David TOUAIBI - Tout à fait. Quand on voit les déploiements réalisés par les opérateurs, c’est toujours dans les grandes agglomérations : Paris, Lyon, Marseille et les autres grandes villes de France. Dans des villes équivalentes en taille à la CDA, il existe assez peu de réseau du type PBC et les palois sont dans une situation assez confortable.
Alternatives Paloises - Les techniques évoluant, le réseau reste t-il à la pointe du progrès ou devient-il déjà dépassé ? David TOUAIBI - Le réseau a évolué techniquement. Des équipements de dernière génération ont été installés. Il n’y a pas d’autres obsolescences possibles puisque la fibre en elle-même ne vieillit pas et aujourd’hui il n’y a aucune limite à la fibre... C’est un patrimoine pérenne pour les habitants de la CDA.
Alternatives Paloises - Donc le concept est toujours bon et la décision politique d’André Labarrère était la bonne... David TOUAIBI - Tout à fait. Je n’ai pas de raison d’en douter.