Encore un événement de l’équitation mondiale bien parti pour se dérouler du 22 au 24 mai 2010 à huis clos sans lien avec la ville et l’agglomération. Comment peut-on laisser tomber à ce point la vie au Domaine de Sers à la croisée du sport et de la culture ?
Je suis affligée de voir le site de la mairie relayer le programme de ces journées avec tous les poncifs de base. Il n’y a pas pire désengagement. Il me semble que ce serait pourtant du ressort d’une réelle volonté politique de mettre en oeuvre des liaisons concrètes pour que chacun, celui qui a les moyens et celui qui ne les a pas, puisse toucher du doigt de tels événements.... Certes, l’entrée est gratuite, maître-mot qui dédouane du reste mais c’est tellement pauvre du côté de l’éducation vers le grand public....derrière un titre racoleur : « du grand spectacle de très haut niveau » dont la fin de phrase pourrait être « à consommer ». C’est pitoyable cette esbroufe de la com avec autant de vide pour les habitants ! Quand on sait les budgets engagés auquel le contribuable participe, que ceux-ci soutiennent un pan entier de l’agriculture de l’élevage des chevaux, auquel se lient des pratiques sportives, des métiers, et puis l’entretien du Domaine de Sers, le lien avec les espaces naturels.... Merci à tous les professionnels de continuer à faire vivre Pau comme une cité équestre, vous êtes les seuls à le savoir ! Et nous, les piétons, pourquoi donc ne serions-nous pas initiés à la possibilité d’en vivre quelque chose à notre niveau ? Ne sommes-nous bons qu’à lécher les vitrines ? A une époque, presque tous les gens du peuple savaient atteler, seller, charger une carriole....à présent on paye des impôts pour juste le droit de voir, tel le spectateur passif qui vit par procuration. Est-il donc impossible de renouer avec une pratique de loisir et de culture impliquée en direction de la vraie vie des habitants ?
Et si par exemple, au mois de mai à Pau, on circulait en road-car au centre-ville ? De petits road-cars qui ne tiennent pas plus de place qu’une camionnette sillonneraient l’agglomération en place de taxis, comme une alternative au pousse-pousse, à la navette gratuite , à sa propre voiture... Et si chacun avait par ce biais sa place proposée durant le mois de mai à bord d’un attelage, en famille, entre amis, seul ou accompagné, pour un usage fonctionnel, un loisir imprévu qui l’emmènerait se déplacer autrement dans l’espace et le temps ? Et si des attelages se posaient dans les lieux dits sensibles de la ville, pour offrir des déplacements imprévus aux habitants ? Ce concours d’attelage n’est-il pas non plus inscrit dans le terroir ? organisé par les Attelages Pyrénéens ? Ce serait un bien joli mois de mai pour le temps de vivre et une autre manière d’être considérés face à l’événement. Eh bien ce ne sera pas. Il n’y aura comme au Concours Complet International d’octobre, que les professionnels, les passionnés d’équitation et les étrangers, bref, tous ceux qui s’y rendront par ce qu’ils en connaissent déjà et leur lien déjà établi avec cette culture.
Ce coup de gueule, c’’est l’occasion de dire qu’en faisant de la pub, si on pense faire de l’éducation, c’est oublier férocement au passage que les choses doivent se vivre. Et je pense à tous ceux qui restent sur le carreau quand on ne leur offre rien d’autres que des images sur papier glacé à consommer. Par la proposition « d’en être » à sa portée, c’est par là qu’on se rapproche des choses. Etre considéré comme un sujet actif de l’événement et pas seulement en cible passive, est-ce une utopie ? L’attelage, qui plus est, nous donnerait une occasion joyeuse de réfléchir aux transports dans l’agglomération, aux durées, aux distances, aux zones piétonnes.... Cela contribuerait à en pauser le temps. Et où seront donc les attelages qui nous emmèneront des quatre coins de l’agglomération au Domaine de Sers pour assister à la compétition ? Hélas, rendez-vous manqué d’en vivre quelque chose. La logique où les événements ne se démocratisent que si l’on peut vendre des tee-shirts préside à l’ambiance actuelle, à croire qu’au final le seul intérêt c’est la culture de la vitrine. Les affiches de ce concours sont prises en sandwich dans les sucettes de consommation. Ça se résume à consommer de l’entertainment entre deux promos ! C’est la vie qui se broie tous les jours un peu plus dans le virtuel.
- par Carola
http://www.attelages-pyreneens.com : association oeuvrant pour le développement de l’attelage dans les Pyrénées crédit photographique : google images