La nécrose
économique des territoires pyrénéens trop compartimentés fait réagir un
Pyrénéen de Paris. Pour lui, une évidence : le Canfranc existe. N’attendons pas
plus !
Rappelons quelques dates récentes oubliées. Ce sempiternel débat de la
réouverture ferroviaire du Canfranc, a déjà eu lieu, par deux fois, en 2006, en
présence de la presse et de représentants des milieux économiques concernés à
Saragosse. Il ne fut jamais clos.
Je me rappelle que l’expert chargé d ’une étude d’opportunité économique et de
faisabilité technique, Mr Robert CLARACO, y produisit des commentaires
pertinents mâtinés de bon sens.
Parlons besoins. Le « Canfranc » ne peut être dissocié de l’avenir de
l’Aragon, gros acteur économique en relation avec les deux poumons de l’Espagne
que sont les mégapoles de Barcelone et Madrid. Je passe volontairement sur les
détails chiffrés. Cet acteur industriel et aussi logistique a besoin pour ses
industries pondéreuses d’une sortie ferroviaire vers le nord, et si on veut
vraiment développer des autoroutes ferroviaires dédiées, il faut dépasser notre
cadre national trop étriqué. L’Espagne est un débouché indiscutable pour nos
propres entreprises, tout comme celles de nos voisins du nord de l’Europe.
Notre prospérité repose sur la santé de nos voisins - clients. Les autoroutes
sont les vaisseaux de notre machine économique. On l’oublie trop souvent.
La ligne du Canfranc permet un saut d’obstacle majeur (rappelez vous ce que
nous primes aussi pour une anecdote, la célèbre phrase de Louis XIV en 1700, à
l’avènement de Philippe V) et nos orateurs péremptoires n’ont aucune notion
concrète des enjeux de la logistique intra-européenne. Cette ligne de montagne
techniquement opérable est aussi le chainon manquant d’une longue chaine
commerciale invisible au néophyte, devant être à créée. Cela va gêner des
intérêts établis et bien plus puissants et sournois. . Au passage qui est
actionnaire de Vinci ? Eiffage ? des concessions espagnoles ?
Qui oublie aussi le va-et-vient routier visible et massif qui pollue au passage
la vallée d’Aspe ? Pau serait-elle géographiquement une ville cul de
sac ? En tout cas, le manque de vision globale de nos contemporains y contribue.
Les partisans de la TCP,
les politiques au premier chef, ont dénigré au départ le Canfranc, en coulisse
surtout, et n’ont fait pas ménagé leurs effets médiatiques pour faire rêver
l’opinion publique sur ces grands travaux pour stimuler la croissance (sic) .
C’est un poncif digne de la décadence démagogique de tout Etat.
On devrait créer le prix du « cocu du tunnel ». L’échec financier du
tunnel sous la Manche
a terni la joie de ces messieurs et je dois rappeler à tous que le contribuable
remplacera le petit porteur berné, comme « dindon » pour payer la
facture qui s’annonce astronomique de la TCP. Quid du péage et pour quel trafic ? et
des frais financiers du nouveau tunnel ? Le contribuable est déjà
"sollicité" sur des projets autrement plus urgents et avancés comme
le « Lyon Turin », bien parrainé au demeurant, mais en manque de
fonds publics, et bien entendu, privés...Depuis 2009, l’euphorie économique de
la péninsule ibérique de l’époque s’est évanouie !
L’ampleur ambitieuse du plan d’infrastructures (PEIT) en Espagne, à souligner
pour les français qui ont une connaissance lacunaire de l’actualité de notre
voisin, montre l’indigence de l’effort français pour le sud du territoire de
notre pays.
Aujourd’hui, le Maitre de l’échiquier est le même. Au risque de vous déplaire,
je suis contraint de vous dire que les décisions se prennent à Paris. Les
lobbies du BTP et du rail , conjoints, ont misé sur les LGV et toutes les
fables sur le fret ferroviaire sur LGV ne sont que des prétextes pour faire
avaliser ces dépenses au trafic voyageur déficient, par les populations locales
qui paieront la facture de la
LGV. Y a t il du fret ferroviaire sur la LGV Paris-Lyon ?
et sur Lyon -Marseille ? ou mieux, Lille - Marseille ? Si non, quel
miracle le permettrait entre Irun et Bordeaux ou Tours ? Les bureaucrates
de l’Europe additionnent des carottes et des choux pour justifier ces grands
travaux de BTP, sans trop regarder finement l’origine, la destination et la
nature des marchandises ainsi que les motivations des acteurs économiques.
Qui se souvient des arguments pour justifier la construction des autoroutes en
France ? et plus particulièrement du projet de 4 voies, de la vallée
d’Aspe ? et pour la construction du tunnel du Somport ? Je n’oublie
pas les dépassements de coûts de ce dernier.
Ou voulais-je en venir avec ce long discours ? La construction d’un
ouvrage aussi monumental et coûteux soit il, si elle est nécessaire n’est pas
suffisante. Les ferries n’ont pas disparu à Calais malgré le tunnel sous la Manche et l’écartement différent
des rails n’a jamais empêché le passage des trains de marchandises à Port Bou -
Cerbères. Les acteurs économiques privés regardent au premier chef, leurs coûts
de revient et la lenteur n’est pas toujours le facteur discriminant en matière
de transport de marchandises. Si la
RENFE et la
SNCF ont raté la révolution du transport intra-européen à
partir des années 70, c’est que la souplesse des transporteurs routiers, les
avancées technologiques ont autant compté que la « gréviculture » de
nos cheminots, dans la gestion à flux tendus de l’économie actuelle. En outre,
la désindustrialisation de l’Europe de l’Ouest a donné la primauté aux ports et
aux échanges avec l’est européen
Je terminerai par ce fait aussi oublié, en rappelant que la privatisation des
autoroutes françaises est un facteur déterminant pour sortir de l’hypocrisie
permanente des pouvoirs publics français : Bercy trouvait commode de
stimuler le BTP, soigner ses grands barons, et de toucher les dividendes des
concessions autoroutières. Aujourd’hui bradées au même privé, l’Etat n’est plus
juge et partie.
Un coup de gueule ? Je rajouterai que l’Espagne n’est pas considérée comme
un partenaire prioritaire par nos dirigeants à Paris.
Un note d’espoir ? Un rêve ? Le Canfranc est une solution de bon sens
et bon marché. Ah si les dirigeants des deux versants géraient ensemble le
problème ferroviaire, dans une vision moins électoraliste , et favorisaient
l’intérêt général en convergeant les intérêts économiques, proches et
lointains. Les populations locales concernées rappelleraient aussi aux pouvoirs
publics du bord de Seine que les espagnols estiment que l’axe voyageurs Paris -
Madrid, tout comme l’axe de marchandises SINES-PARIS relèvent de la fumisterie
de communicants en mal d’arguments convaincants pour justifier le gaspillage
d’argent public dans des grands travaux, au nom de la croissance, mais au
bénéfice de grands groupes de construction. Il est vrai que ces bureaucrates
n’empruntent jamais les avions low-cost et n’ont jamais fait de commerce avec
l’ Asie.
A méditer ? Je construis donc j’existe. J’exploite donc je (sur)vis.
Au final, le citoyen détroussé se révolte pour rester dans la colucherie
ambiante : Zapazero et Sarko(mique) ont-ils oublié les actions de Franco et
d’ Hitler pendant la dernière guerre : Le plus simple pour passer les
Pyrénées, c’est le Canfranc, c’est déjà construit !! "stupids ",
aurai rajouté Winston Churchill ...