La nouvelle de la vente par l’Etat d’une partie de son patrimoine vient d’atteindre les Pyrénées Atlantiques. En effet, sera signé bientôt (à l’automne) l’acte de vente du château de Pau, quand les festivités cesseront. Une importante société sino-coréenne (filiale du groupe Yingli Boldar) s’est portée acquéreur de l’ensemble des bâtiments, y compris la loge du gardien, pour une somme qui n’a pas été rendue publique à l’heure où nous publions (c’est à dire quatre heures du mat, ce samedi).
Le château sera démonté pierre par pierre et, ce qui est une énorme et bonne surprise pour tous les béarnais, remonté à l’identique à Gardères, sur les bords du lac d’Eslourenties, mais avec cependant une orientation et une vocation différentes. En effet, cet achat se doublera d’un investissement conséquent consenti par les nouveaux propriétaires : les terres agricoles du plateau de Ger (où jadis devait se créer un aéroport international) ont été également rachetées, au prix du marché, et le lac sera privatisé, selon des accords conclus à Genève (sous le geyser) en toute discrétion. Selon des sources bien informées (comme le sont les nôtres), un projet gigantesque devrait voir le jour dans la prochaine décennie.
En effet, la présence du lac (20 millions de mètres cubes actuellement) permettra à la société bénéficiaire de se consacrer à la culture du riz, sur une surface rarement égalée dans nos régions (on parle de 1 000 hectares), qui mettra la production de maïs loin derrière, au second rang des cultures agricoles intensives. On ne peut que se réjouir de cette manne providentielle en des temps où le travail manque et où le monde agricole disparaît à vue d’oeil. Une énorme main d’oeuvre sera nécessaire, tant dans les rizières que dans les usines d’élaboration du produit, les transports et les relations commerciales.
Les conventions internationales s’appliqueront tant pour le coût de la main d’oeuvre salariale que pour les libertés syndicales (une fédération unique, rattachée au Parti Central Chinois, portant le joli nom de Bagong -grève, en chinois- ), ainsi que pour les horaires cadencés et la hauteur des bottes en caoutchouc selon la saison. Les retombées économiques sur la région permettront de réhabiliter toutes les façades des rues paloises, de rebitumer les 293 kms de voiries urbaines (avec un tapis d’enrobés rouges) et d’envoyer aux champs nos ingénieurs, qui ne connaissent les vaches que par Internet.
Le château, quant à lui, sera le siège de la filiale française, tourné vers la modernité. Après le grand succès de l’exposition universelle de Shangaï, certains éléments seront rapatriés sur le plateau gérois : les quatre pavillons français, le pavillon suisse de forme géographique sur lequel sera repositionné le château d’Henri IV, le lapin géant de Macao, les pavillons irlandais et américains, ensuite on verra. L’intérieur du bâtiment royal sera pourvu exclusivement d’un ameublement en rotin, cause principale de la ruine des autochtones des îles Célèbes depuis que l’empire du Milieu, "par des accords commerciaux (2005), a eu accès aux matières premières -l’Indonésie ayant autorisé l’exportation massive de rotin brut ou semi-traité, la Chine est devenue leader dans la fabrication de ces meubles-" (in courrier international). Dans les vastes salons, des pandas en peluche robotisés accueilleront les hôtes de marque (Oncle Ben’s, Lustrucru, Taureau ailé, Riz Fifi entre autres).
Dans la tour Montauser, accessible directement depuis l’ascenseur de la tour Mazères, qui lui sera accolée, un laboratoire de recherche fondamentale permettra l’élaboration de nouvelles variétés, dont celle dite du "riz cantonal", plus adaptées au climat social de notre région (les premiers résultats concrets devraient naître en 2013). Cependant que les jardins environnants verront croitre une bambouseraie, qui n’aura rien à envier à celle d’Anduze. Le bambou ayant des utilités diverses et variées (liées aux salariés et aux ingénieurs mécontants qui ronchonnent dans les rizières), autant nutritives que pratiques (pâte à papier, textile, meubles, cannes à pêche...), son exportation permettra de subvenir aux besoins alimentaires des pandas géants restés au pays, ainsi qu’à permettre de baisser les prix des cannes à pêche (en bambou refendu exclusivement) dans la région de l’embouchure du Mékong.
Le monde d’aujourd’hui n’étant pas celui de demain, pour la simple raison que demain c’est déjà hier à la vitesse où il progresse, l’ancien emplacement du château de Pau laissera place à un musée rassemblant toutes les oeuvres picturales, lustres, meubles, argenteries, vases de Chine, tentures et papiers peints de l’époque fin XVIème (- Métro Neuilly) début XVIIème (métro La Fourche), afin que le souvenir du monarque demeure impérissable dans les jeunes cervelles paloises. Un spectacle nocturne trimestriel, transitoire, vantant la renommée internationale du défunt barbichu sera réalisé sur les palplanches et murs berlinois laissés en héritage au bon peuple sur les lieux de l’enlèvement. Ensuite, dit-on dans les gorges du Hédas, un hôtel quatre étoiles avec vue sur la muraille de Tolède, sera construit, avec un héliport sur chaque terrasse, afin que les clients puissent se rendre directement au sommet mondial du Pic du Midi, qui se tiendra chaque mercredi matin après les nuits orgiaques, les bains de minuit et les banquetailles du château de Bal-Pau.