La vie de Bernadotte est un conte devenu réalité où un homme du peuple finit sur un trône. Un béarnais sur le trône de Suède. Sans guerre ! Bernadotte, un maréchal de Napoléon pour asseoir le principe de neutralité qui guide les relations internationales de ce pays scandinave et crée le « Prix Nobel de la Paix » ! Bertil Bernadotte, descendant français d’un oncle de Jean Batiste revient ici sur ce parcours exceptionnel.
Pau a eu la chance de voir naître deux rois : Henri IV et Jean-Baptiste Bernadotte. Tous les deux, militaires dans l’âme, ont cherché à combattre la guerre et instaurer la paix, tous les deux se sont convertis à une autre religion pour le trône. Enfin tous les deux ont marqué l’histoire l’un en France, l’autre en Suède. On dit souvent que ce sont les Hommes qui font les évènements et pas l’inverse. On connaît ce que Henri IV a apporté à la France mais moins ce que Bernadotte a apporté au royaume de Suède.
Jean-Baptiste Bernadotte a eu un parcours exceptionnel. Il a commencé simple soldat, puis a été nommé Maréchal d’empire par Napoléon pour terminer élu en 1810 Prince héritier du royaume de Suède.
Je pense que la France a fait un cadeau royal à la Scandinavie en 1810 quand le Maréchal Bernadotte est devenu Prince Royal sous le nom de Charles-Jean Bernadotte et ensuite Roi de Suède et de Norvège. Je veux bien sur parler de ses actions et non de sa participation financière pour sauver l’économie de son pays d’adoption.
Il est étonnant de constater qu’un seul homme peut arriver à changer une "culture de guerre" en "culture de paix". Ce militaire qui lorsqu’il exerçait sa charge de gouverneur de l’Allemagne du Nord, faisait déjà passer les intérêts quotidiens de ses administrés avant ceux des soldats occupants, avait déjà séduit les officiers suédois présents à Hanovre, qui, le moment venu, parlèrent de lui en haut lieu. Il avait dit "Je suis bien arrivé en Allemagne pour libérer la population et non pour recevoir des présents et rester assis avec eux à une table. La meilleure vertu d’un républicain est son intégrité et en conséquence sa modestie".
Ce n’est pas un maréchal comme les autres qui fut choisi pour être prince royal de Suède. Il fut assez lucide, alors que sa nouvelle patrie était profondément blessée par la perte de la Finlande, pour la détourner de tout esprit de revanche, et l’incliner vers une neutralité qui lui a permis de jouer le rôle qui est le sien jusque dans les temps modernes. C’est sur cette sagesse qu’il a fondé une dynastie qui est une des seules à avoir subi victorieusement l’épreuve du temps depuis bientôt près de deux siècles.
La neutralité : En 1834, une guerre entre l’Angleterre et la Russie était menaçante. C’est à cette occasion que Charles-Jean fit appliquer le principe de neutralité. Cela signifiait que la Suède promettait de rester neutre, de n’apporter son aide à aucune des parties en conflit, aussi longtemps que la Suède n’était pas envahie par l’une d’elles. La longue tradition suédoise de neutralité naquit à cette époque et ceci fut le début d’une longue période de paix.
En effet, en ce qui concerne la paix et la liberté, Charles-Jean joua un rôle important. Ses expériences personnelles avec des années de guerre et de nombreux champs de bataille lui donnèrent une autorité dans le pays. Il avait une réalité de la guerre, loin des opinions romantiques que l’on peut entendre dans les salons. Il était également assez intelligent pour comprendre que la guerre était la dernière alternative, et non pas la première solution. La longue tradition suédoise de neutralité naquit à cette époque et la prétention au droit à la neutralité était un pas important vers la paix. Grâce à la dynastie des Bernadotte, la Suède a donc évité de nombreuses guerres et toujours vécu en paix. Cette nouvelle "culture de non-violence" a déteint dans tous les domaines : enseignement, industrie, justice, conduite, politique et relations humaines. La volonté d’œuvrer pour la paix dans le monde a été encore soulignée par l’instauration du Prix Nobel de la Paix et l’habitude de régler les conflits sociaux de manière pacifique et ne faire appel qu’exceptionnellement aux actes de « violence ».
Le respect de la constitution : La constitution de 1809 (monarchie constitutionnelle) établit une base démocratique (même si la notion actuelle de démocratie ne correspond pas exactement à celle de l’époque, par exemple seul un petit nombre de citoyens avaient le droit de vote). Cela ouvre la possibilité à un débat politique et réduit le pouvoir du roi. Charles-Jean avait beaucoup d’idées sur la Constitution et sur les obstacles qu’elle lui posait, mais à la différence de ses prédécesseurs, il la respecta. Une preuve que l’absolutisme ne fut jamais actuel sous Charles-Jean. De ce fait, il est possible de conclure que la démocratie a eu prise de son temps, même s’il fallut attendre le XXe siècle pour qu’elle soit mise en pratique.
Pour conclure, et si j’avais à m’interroger sur l’histoire de la France à travers Jean-Baptiste Bernadotte, je me poserais plusieurs questions telles que : Est-ce que Jean-Baptiste Bernadotte aurait pu succéder à Napoléon ? Pourquoi l’histoire de Jean-Baptiste Bernadotte est elle si mal connue en France et même à Pau, sa ville natale ? Depuis 200 ans, pourquoi la France n’a-t-elle pas profité de l’accession au trône d’un français pour tisser des liens économiques et culturels plus étroits avec la Suède ?
Une chose est certaine, c’est que l’histoire de sa vie est un conte, où un simple homme du peuple finit sur le trône. Il écrit lui même vers la fin de sa vie : « Personne n’a accompli un parcours comme le mien ». Ce n’était pas de la vantardise de sa part, mais une réalité. D’ailleurs la Suède actuelle a conservé de nombreux principes mis en œuvre par Jean-Baptiste Bernadotte.
"L’imagination populaire simplifie les conditions du monde réel ; elle suppose que pour faire son bonheur, il suffit d’un homme de bonne volonté" Maurice Barrès, L’appel au soldat, 1900.
> Providentiel ?
6 septembre 2010, par Bertil Bernadotte
Le Monde est plein de gens de bonne volonté, certains veulent travailler et les autres veulent laisser faire ...(Robert Frost)
> Jean Baptiste Bernadotte : l’homme providentiel pour la Suède