Pour la première fois, la Synagogue de Pau a ouvert ses portes lors des journées du patrimoine 2011.
Une occasion de découvrir ce lieu méconnu dans une rue tranquille du centre-ville, ce que n’ont pas manqué d’effectuer de nombreux visiteurs, accueillis par le Rabbin Marc Bondi qui leur a expliqué les principes fondamentaux du Judaïsme, après quelques renseignements sur la Synagogue.
Dimanche 18 septembre, pour la première fois, la Synagogue de Pau a ouvert ses portes dans le cadre des journées du patrimoine 2011.
De nombreux visiteurs ont répondu à l’appel, lors de visites d’une trentaine de minutes chacune, et accueillis par le Rabbin Marc Bondi (responsable pour la communauté Pau Béarn-Pyrénées Atlantiques, et également aumônier hospitalier et pénitentiaire), et ce malgré l’attente dans le jardin du lieu de culte, bien arrosé par des giboulées plus dignes du mois de mars que d’une journée de fin d’été !
Une découverte fort intéressante, qui a permis de faire découvrir ce lieu méconnu de beaucoup de Palois dans une rue tranquille du centre-ville, derrière des murs et au milieu d’un jardin foisonnant.
On y a appris que la Synagogue date de 1876, et que ce bâtiment de 715 m² appartient à la Communauté juive, Association Loi de 1901, et placée sous le régime de la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Après un déclin à la fin de la 1ère Guerre Mondiale, elle s’est revivifiée sous l’impulsion des réfugiés provenant des pays de l’est et du nord de l’Europe entre les deux Guerres. Ce fut même l’une des rares Synagogues qui resta ouverte pendant la 2ème Guerre Mondiale (avec persistance d’un culte quotidien), grâce à la fois à sa localisation en Zone Libre au début du conflit, et à l’action de Justes locaux. Ce qui n’a pu malheureusement empêcher la déportation de 61 personnes durant cette période, que marquent également 1.073 tombes au camp de Gurs (où ont lieu 3 commémorations par an).
Indépendante de la Communauté de Bayonne depuis 1959, elle a connu un nouveau réveil il y a une cinquantaine d’années avec l’arrivée de Juifs séfarades venus d’Afrique du Nord, les Marocains formant aujourd’hui l’essentiel de la communauté, qui compte 200 familles inscrites - mais il y a beaucoup plus selon le Rabbin.
La Synagogue de Pau, comme toutes celles du monde, représente le Temple de Jérusalem, édifié une première fois par le Roi Salomon, fils de David, détruit par Nabuchodonosor en -586 au moment de l’exil à Babylone, puis reconstruit par Hérode après le retour de la captivité. C’est ce 2ème Temple, détruit par le général romain Titus (chef des armées de l’empereur romain Vespasien) en 70 après JC, et dont il ne reste aujourd’hui que le Mur occidental, qui symbolisait la Maison de Dieu. Le peuple Juif vit toujours dans l’espoir de la venue du Messie et de la reconstruction du Temple.
Les prières pratiquées dans les Synagogues y remplacent les sacrifices pratiqués du temps des Hébreux, vaches, béliers, boucs), et l’organisation générale de ces lieux de culte est toujours identique quel que soit l’endroit.
Les éléments les plus sacrés du lieu de culte sont :
- l’Arche d’Alliance (symbolisant l’alliance du Peuple de Moise avec Dieu)
- les Tables de la Loi, données par Dieu à Moise au Mont Sinaï, et qui forment les 5 livres de la Torah (le Pentateuque).
L’Arche et les rouleaux de la Torah sont conservés derrière les rideaux du Tabernacle, au fond de l’édifice. Les clochettes ornant la Torah sont une « couronne de majesté ».
Une précision, le Talmud (qui comprend les commentaires de la Torah, le code civil et le code pénal hébraïques) étant écrit en hébreu (seulement avec des consonnes, sans voyelles ni ponctuation), cela implique qu’un mot peut avoir plusieurs significations différentes, donc cela autorise de nombreuses interprétations au Texte...
Puis, on peut citer :
- l’Autel, au milieu de la salle
- la Menorah (chandelier à 7 branches, une par jour), placée sur ce dernier selon le culte Espagnol et Portugais provenant de Bayonne.
- le tableau des lumières, perpétuant la mémoire des âmes des défunts de la Communauté, car le Judaïsme ne voit dans la mort que le passage d’un état à un autre.
- le bain rituel, provenant de la Bible, situé près de l’entrée de l’édifice, et utilisé par les femmes mariées pour se purifier après le cycle menstruel, afin que leurs maris soient autorisés à les retrouver dans le lit conjugal.
Une remarque, si les hommes et les femmes sont séparés lors de l’office (celles-ci étant placées derrière les premiers, ou au dessus), ce n’est ni par « sexisme » ni pour marquer une condition féminine inférieure, mais bien au contraire pour marquer la sagesse dont font preuve les femmes. En effet, les hommes ne sont ainsi pas tentés par la vision des femmes, et peuvent ainsi mieux se consacrer à la prière et à la liturgie ! Même principe pour les phylactères et le châle de prières, indique le Rabbin, utilisés seulement par les hommes pour qu’ils puissent ainsi maîtriser leurs pensées, leurs actions et leur orgueil...au contraire des femmes, qui n’en n’ont pas besoin !
En effet, selon la religion juive, l’être humain ne peut jamais dire « je ne suis pas responsable », il doit réfléchir avant d’agir, et ce dès sa majorité religieuse (13 ans).
Enfin, il est possible à chacune et à chacun (même non Juifs) de se joindre au culte hebdomadaire de la Communauté, tous les samedis matins, de 10h à 13h, vous y serez accueillis en amis.