« Tournez, tournez, bons chevaux de bois » Verlaine
Ils ont tourné dix tours, Ils ont tourné vingt tours Sur leurs chevaux de bois, Sans toucher l’horizon Du bout de leurs petits doigts.
Ils ont tourné comme tournaient Les microsillons d’autrefois ; La ronde est une cadence Où les âmes se noient Quand les cœurs font la danse.
Ils ont tourné cent tours, Ils ont tourné mil tours Vers l’amour aux abois ; Les filles riaient aux éclats, Les gars exultaient sans foi !
Le son des mandolines Rivalisait avec le vent. Qu’elles étaient belles en crinolines, Les demoiselles d’antan, Quand elles tournaient en sourdine, Chevauchant les chevaux de bois !
Les rêves de Colombine Se mêlaient aux rires de Pierrot. C’était la ronde libertine Des corps qui s’éveillent trop tôt ; Trop tôt dans un monde pas beau Où l’amour vous assassine.
Ils ont tourné dix tours, Ils ont tourné vingt tours Sur leurs chevaux de bois, Sans toucher l’horizon Du bout de leurs petits doigts.