Le terme de valeur est flou. C’est davantage un concept qu’une idée précise.
Citons quelques valeurs : - Économique : valeur matérielle, réussite sociale, profits... -
Mathématique, musicale (durée), vitale : santé, environnementale :qualités de l’air, de l’eau, du sol ; état des ressources naturelles, de la biodiversité.. - Morale : grandeur, honnêteté, droiture courage.... - Politique : liberté, égalité, fraternité, laïcité, solidarité, droit. - Religieuse. - Esthétique : beauté, perfection, art. - Intellectuelle, linguistique : vérité, clarté, rigueur, cohérence, logique, objectivité. - Affective : Attachement :à la famille, une personne, une culture, la nation...
À chaque élection présidentielle, on brandit le spectre de la perte des valeurs.
Compte tenu du nombre des concepts, la tâche est considérable ! C’est là qu’intervient le choix politique, toujours très restrictif et orienté !
Schématiquement, le débat se focalise autour : d’un côté des valeurs individuelles qui prônent l’action, et de l’autre des valeurs collectives qui incarnent la protection, alors que « la reliance », pour E.Morin,
est la synthèse des valeurs collectives et des valeurs individuelles.
Selon l’étude de l’IFOP, la droite et la gauche partagent au moins deux valeurs qu’elles placent toutes deux en tête du classement : la liberté et la responsabilité.
Les sympathisants de gauche se tournent ensuite vers l’égalité, la solidarité et la laïcité alors que ceux de droite prônent l’effort, la Nation et l’entreprise.
Ne rentrons pas dans ce débat car il y a plus grave, c’est, en fait, la disparition de la valeur « des valeurs » par la quantification. On « n’éprouve » plus la valeur d’une société humaine ou d’une situation, on la mesure ; par exemple, le Directeur académique (64) des services de l’éducation nationale prétend avoir » amélioré », en supprimant des postes, le taux d’encadrement dans les classes « on est passé de 22,24 à 22,18 élèves par classe » !! ; il est évident qu’avec 0,06 élève en moins, la valeur de l’enseignement est nettement supérieure !!! On étalonne : taux de chômage, valeurs boursières, résultats d’exploitation, sondages , courbes de vente, taux d’intérêts, points d’Audimat ou quantité d’exemplaires vendus : notre moral ou sociabilité se ramène à des nombres alignés. Les calculettes remplacent les cerveaux.
De ces chiffres secs,on nous invite à attendre notre bonheur, pour ne pas dire notre salut. « Nous sommes englués dans le quantitatif comme des oiseaux de mer dans le mazout. » J-C Guillebaud. Il faut comprendre que mieux, c’est mieux que plus, que la qualité est plus importante que la quantité. « Dans le monde où nous
vivons, tout est fondé sur un calcul où tout est faux » E.Morin
Ces comptages ramènent le réel à une seule de ses dimensions. Est-ce la plus importante ? Pas si sûr !
« Les hommes ne sont pas sur terre pour faire de l’économie » ironisait jadis Cornelius Castoriadis.
« Le progrès qui prétend libérer l’être humain l’incarcère. Nous sommes enfermés de la maternelle à l’université, puis nous travaillons dans des
boîtes, grandes ou petites . Pour nous amuser, nous allons en boîte et nous allons encaisse. Il y a la boîte à vieux, en attendant la dernière boîte ! Je ne veux pas renoncer à ma part de nature, à cet émerveillement qui nous est offert chaque jour, au chant des oiseaux, au bruit des rivières, à toute cette poésie qui est occultée par le monde actuel. « La raison d’être de l’homme, c’est d’admirer le monde » ( pas de le chiffrer !). Pierre Rabhi, agriculteur.
Aucune société avant la nôtre n’aura été aussi frénétiquement obsédée par une telle approche chiffrée de la vie. À deux points de croissance, le bonheur sera là, mais au-dessous de 1,5 un grand malheur nous attend ! Nous ne sommes pas aveugles au point de croire que notre bonheur pourrait être évalué
arithmétiquement !
De plus, comment apprécier la réalité(valeur) d’un chiffre quand on manque d’éléments de comparaison ? Les médias, surtout audiovisuels, font rarement l’effort de mettre ces montants en rapport avec d’autres chiffres, plus parlants.
Par exemple, la FAO, institution de l’ONU, rendait public son rapport annuel. Il montrait que, sous les effets de la crise, la faim avait spectaculairement progressé en 2009 dans les pays pauvres. Elle affirmait qu’on avait franchi, en 2009, le cap du milliard d’habitants touchés par la famine. La vision devient plus claire et le problème des valeurs plus réel si l’on met, par exemple, en relation le budget de la FAO fixé à 867,6 millions de dollars pour ’exercice 2008-2009. et les 140 milliards de bonus versés par Wall Street en 2009. C’est 175 fois la somme allouée chaque année pour lutter contre la faim dans le monde. Ce maigre budget représente, par ailleurs, moins de 6% du coût des produits diététiques dans un seul pays industrialisé et à peine 6 jours d’achat de nourriture pour animaux dans une dizaine de pays riches !
Les « citoyens ordinaires » attendent autre chose que des chiffres : « aux humains qui s’entassent dans le train de l’actualité, on parle de la vitesse du convoi, de la quantité des wagons ou des kilowatts dépensés pour la traction. Ce qu’ils préféreraient connaître, c’est la destination finale, le but du voyage, le dessein partagé. » J-C Guillebaud.
Même quand ils parlent de « valeurs », nos politiques restent prisonniers de la quantité. Derrière leurs proclamations croisées, on devine des stratégies de communicants qui évaluent en pourcentage les catégories à séduire(salon de l’agriculture !).
« Les électeurs voteront pour un homme de chair et de sang, avec sa vision, sa solidité, sa probité, ses doutes surmontés, son caractère. Au final, non seulement l’intendance suivra, mais elle dépendra de ces qualités humaines, rétives au calcul. » Les résultats d’une politique viendront donc de ce qui n’était pas mesurable. Attention, l’impossible peut devenir possible, l’orage gronde.
Les révolutions ne se font pas avec des chiffres mais avec des idées !
Sources d’inspiration : Jean-Claude Guillebaud, E.Morin, P.Rabhi, Sciences et Avenir, La République des Pyrénées,... et G.Vallet
ah ça, c’est bien : il est une source d’inspiration pour lui-même. Ça, c’est un homme de valeur
> « Valeurs » ! Vous avez dit « valeurs » ? Comme c’est bizarre !
17 mars 2012, par Jean Paul Penot
Oui, Maximo, c’est bizarre. Mais la réalité offre bien des bizarreries aussi. Peut-être un jour écrirez-vous un article dans lequel vous rendrez hommage à Maxime qui vous aura inspiré, ou à César pour ce qui lui revient.
Je ne connais pas Georges Vallet (Alternatives paloises n’est pas un clan), mais je sais qu’il pourrait citer comme source Guy Vallet, que je tiens pour un brillant esprit. A moins que ce soit son tonton Gaston ( ?) ou sa femme Georgette ( ?). Laissons-lui le choix de la discrétion.
> « Valeurs » ! Vous avez dit « valeurs » ? Comme c’est bizarre !
On ne peut qu’ être d’accord.
Mais la démocratie ne s’inscrit-elle pas uniquement dans une logique quantitative ? Comment imposer ses "valeurs", sans s’inscrire dans l’ arithmétique du décompte des voix, dont les effets sont agravés par le grossissement flou des sondages et les "commentaires" du tout un chacun. Surtout s’il s’arroge le droit de donner un avis personnel à l ’aune de ses propres "valeurs" parce qu’il tient un micro ou une plume ?
> « Valeurs » ! Vous avez dit « valeurs » ? Comme c’est bizarre !
13 mars 2012, par claudiqus
C’est sans doute le talon d’Achille de la démocratie !
Attribuer une valeur à un candidat en fonction de son attachement à un parti ...
Politique et religion ont le même défaut, vouloir faire croire que leurs propres préceptes sont les seuls à mettre en pratique, et que leurs dogmes soient les seuls garants d’un véritable humanisme .