Mais avant l’intervention du candidat, il y eut le discours d’Olivier Dartigolles, qui a insisté sur l’importance de rassembler à gauche et non avec le centre (la foule huant à cette occasion le nom de François Bayrou). Il a rappelé le contexte industriel local (faisant allusion à l’épisode Celanese, demandant la nationalisation de Total avec ses 25 milliards d’euros tirés du sol Béarnais), insisté sur le combat du Front de Gauche contre les fermetures de classes, appelé à voter contre Marine Le Pen, en s’inscrivant dans un mouvement de résistance, puis a enfin remémoré la mémoire du camp de Gurs.

Jean Luc Mélenchon a ensuite rappelé les axes principaux de sa campagne, avec une déclinaison locale.

Tout d’abord, les thèmes récurrents que sont pour lui le drapeau rouge, symbole de la rébellion et de la résistance de la classe ouvrière. Puis, l’instinct de liberté, qui est le "fil du temps long de l’histoire", et qui doit faire relever la tête des 13 millions d’ouvriers et employés pour qui il parle en priorité. Mais aussi aux cadres et techniciens, qui se rendront bientôt compte de l’impasse dans laquelle les conduira l’orientation actuelle du Vieux Continent, orientation qui nous mènera au désastre (après la Grèce et l’Espagne) en sacrifiant tout à la course à la productivité. C’est pourquoi il leur lance un appel à la solidarité et au dépassement des égoïsmes sociaux.

Puis, il rappelle ses propositions, parmi lesquelles :
- l’avènement d’une VIème République,
- le droit à l’avortement,
- le droit de mourir dignement en choisissant librement sa propre fin,
- le fait de voir le travail libéré des chaînes de la finance pour donner toute sa puissance créative. Pour lui, la notion de travail deviendra une oeuvre splendide, une fois débarrassée de la monarchie patronale, et profitant de la connaissance,
- l’interdiction du travail le dimanche, le temps libre étant réservé à l’espace personnel,
- le devoir d’alerte écologique du CHSCT (Comité d’Hygiène, de Sécurité,et des Conditions de Travail),
- le droit à la retraite à 60 ans pour tous,
ses piliers étant la liberté et le social.

Trouvant des accents de tribun, il rend hommage aux maîtres de l’école républicaine. Regrettant que la campagne laisse trop souvent sur le côté les grands sujets du moment, sur lesquels le Front de Gauche a travaillé sérieusement depuis 1 an, il fustige certains médias (l’Express, le Nouvel Obs), accusés de provocation en répandant la "peur du rouge". Il incite alors leurs salariés à refuser leur statut actuellement trop précaire en les poussant à la révolution citoyenne.

Affirmant "qu’on ne se débarrassera pas de Mélenchon", il insiste tout au long de son discours sur la prédominance des arguments de la raison, l’acte magique du vote, et parle même de "Religion Républicaine". Et met son auditoire en garde contre l’extrême droitisation des consciences, déjà en oeuvre dans les années trente, et en réaffirmant son combat contre Mme Le Pen, surnommée le "Yéti de la politique". Réaffirmant plusieurs fois au passage que son électorat, autrefois éparpillé, est maintenant réuni autour du Front de Gauche.

Sur le plan économique, il revient sur les défauts de la privatisation ("dont on attendait mille merveilles"), en affirmant "Qu’est ce qui marche mieux, rien ! qu’est ce qui marche moins bien, tout ! Et tout coûte plus cher" ! Puis citant Total, qui, dit-il, "se retire d’ici et n’assume aucune de ses responsabilités sociale, environnementale et économique, qui doivent être les premières des responsabilités. Mais l’actionnariat en est incapable ... L’Etat a créé Total, les autres sont des parasites".

Sur le plan local, on notera le long développement consacré à la politique énergétique, où il a fustigé la vente par l’Europe des droits à polluer, qui permet selon lui à Total de raffiner ailleurs qu’en France, et demande à que ce dernier s’engage sur la voie de l’énergie écologiquement responsable en mettant son savoir-faire en matière de forage au profit de la géothermie profonde. Pour le candidat, la "règle verte" doit s’imposer, son objectif étant de sortir à terme des énergies carbonées, quitte à ce que les spécialistes de l’énergie - dont Total - se "mettent au boulot tout de suite" en ce sens.
Autre allusion Béarnaise, son bonheur de faire son discours sous la statue d’Henri IV, qui symbolise selon lui la première victoire du politique sur le surnaturel, avec son accession au trône de France, lui, un protestant, qui a signé l’Edit de Nantes (même s’il a fallu attendre la Révolution de 1789 et la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat pour régler la question de la liberté de conscience au bout de 3 siècles, à force d’acharnement et de résistance).

En tout cas, c’était l’occasion de rappeler une fois de plus l’importance du souvenir des leçons de l’hisoire. La principale étant le rappel de la glorieuse, spectaculaire, lumineuse rupture de 1789. Rappelant que nous sommes tous liés par un contrat nommé Liberté - Egalité - Fraternité (repris en choeur par la foule), il insiste sur le fait que cette Révolution a été faite, non pour les Français, mais pour les droits universels.

Le leader conclut son discours sur la "dénonciation des vérités révélées, réduire la dette et travailler plus longtemps car on vit plus longtemps", et termine sur son amour d’une "France belle, rebelle, solidaire, refusant de se soumettre" et porteuse de "l’instinct de liberté", avant d’entonner, comme à chaque meeting, la Marseillaise et l’Internationale avec l’assistance.