Depuis quelques jours l’effervescence gagne certains agriculteurs, surtout ceux qui ne
pratiquent pas l’agriculture biologique.
Après les « mauvaises herbes », beaucoup d’insectes, les loups, les ours, les vautours,
le renard, les sangliers, les rongeurs, etc...ils faut maintenant éradiquer le Blaireau !
A qui le tour après ?
La faim justifie les moyens
En admettant que le blaireau soit responsable de tous les dégâts qu’on lui
attribue, ce qui reste à vérifier, car avec les ours, les vautours, et les chiens errants, la
course au dédommagement est bien connue. Le faire classer parmi les espèces
nuisibles est-il le but recherché ?
Il conviendrait de ne pas se limiter au seul constat des conséquences pour s’irriter,
mais de se pencher sur les causes réelles afin, éventuellement, de les comprendre,
pour, si possible, les supprimer ou les atténuer.
Le blaireau, en voie de disparition dans certaines régions, protégé chez plusieurs de
nos voisins européens : Belgique, Angleterre, Irlande, Pays-Bas, Danemark, Portugal,
Espagne, Italie et Grèce, a un gros défaut, selon les chasseurs et agriculteurs, il faut
qu’il mange !
Le Blaireau, dans un milieu équilibré, est un omnivore dont le régime évolue en
fonction des saisons, suivant les opportunités que la nature lui offre. C’est en
automne qu’il passe le plus de temps (jusqu’à 10 heures par jour) à se nourrir :
lombrics, insectes : Coléoptères, chenilles, nids de guêpes (160 guêpes ont été
trouvées dans une crotte !), oeufs (parfois oiseaux qui nichent ou dorment à terre),
cadavres (surtout en hiver), campagnols, taupes, Lapins, crapauds. Il consomme aussi
des bulbes, myrtilles, framboises, avoine, blé, champignons, épis de maïs, herbes et
trèfle en hiver. Plus carnivore au printemps et au début de l’été, plus végétarien à la
fin de l’été et en automne (fruits et céréales).
D’après l’énumération ci-dessus, on voit que c’est un animal écologiquement utile,
car, avec son régime omnivore, il participe à la régulation des individus qui peuvent
devenir trop nombreux. Comme beaucoup de mustélidés, il peut consommer des
centaines de souris. C’est donc un excellent auxiliaire de l’agriculteur, comme tous les
maillons de l’écosystème ager ; grâce à lui, les dépenses pour la protection des
cultures peuvent être réduites. Comme quoi les nuisibles peuvent être utiles !
Il lui arrive de prélever des épis de maïs dans les champs, mais cet écart de
régime ne se produit qu’en cas de disette. Nous y sommes ! Si on affame, il ne
faut pas s’étonner d’être volé ! La monoculture du maïs a créé cette disette.
Pourquoi ?
• Le maïs occupe une surface considérable qui a fait disparaître de nombreuses niches
refuge comme les taillis et les boqueteaux où il peut se cacher et se reproduire.
• Il a fait aussi disparaître les espaces peuplés de fleurs (insectes) et de fruits
sauvages.
• La polyculture et le polyélevage lui procuraient des sources de nourriture
variée possible, comme les plantes à bulbes, arbres fruitiers, vignes, oeufs,
etc...
• Les engrais et pesticides, en détruisant des insectes(coléoptères, chenilles,
etc... ), éliminent en même temps les batraciens : grenouilles du fait du
drainage des zones humides, crapauds, etc.. les vers de terre disparaissent pour
ces mêmes raisons des champs de maïs, comme les hérissons.
• Les pesticides censés lutter contre les rongeurs font disparaître beaucoup de
campagnols, etc...et leurs prédateurs : serpents, rapaces variés, etc...
• L’association irrigation drainage remplie les fossés d’eau polluée et la mort de
la faune venant y boire.
• L’utilisation des herbicides, la chasse , éliminent les lapins et autre gibier de
son repas.
• La circulation automobile, les granulés contre les limaces et escargots font
progressivement disparaître les hérissons.
• Les ennemis du blaireau sont décimés : lynx, loup, renard, gros rapaces.,etc.. Il
n’en reste qu’un : l’homme et il s’y emploie avec détermination et efficacité, pas
suffisamment pour certains !
Finalement, il ne lui reste plus grand chose à se mettre sous la dent ! Affamé, l’homme
lui offre une source de nourriture inespérée, de jeunes épis de maïs bien tendre !
Que faire ?
• Bien identifier les vrais responsables et changer de comportement agricole ;
moins produire ne veut pas dire moins gagner ! Les dépenses nécessaires
augmentent chaque année : matériel, carburant, engrais, arrosages, drainage,
traitements herbicides et pesticides, nécessité d’acheter des semences chaque
année, etc...., alors que le prix du grain stagne ou baisse au gré de la
spéculation. Ces investissements financiers risquent fort de ne pas être positifs,
même sur le court terme car le maïs, dans nos régions, est probablement une
culture en voie de disparition ; il serait préférable, compte tenu des prévisions
climatiques, que les syndicats agricoles stimulent les recherches et les conseils
vers des cultures beaucoup moins exigeantes en eau l’été. Hélas, le recyclage est
impossible pour beaucoup de petits agriculteurs, compte tenu des dettes
contractées. Les gros rachèteront les terres bon marché, continueront à enrichir
les trusts agrochimiques et pollueront un peu plus terres et nappes phréatiques.
• L’option de certains consisterait à rendre nos campagnes azoiques par
destruction systématique des restes de haies, de bois, et de qui peut mordre
dans le maïs ! Nous progressons actuellement dans cette voie. Quelle belle
campagne on nous prépare ! Certains veulent défendre la tradition ; c’est peut-être
le moment de donner de la voix !
• Les grandes surfaces payent des vigiles pour surveiller leurs « revenus » ! Les
agriculteurs manquent de vigiles ! Pour éviter que les vaches quittent le pré, les
fermiers disposaient un fil électrifié autour, l’efficacité est garantie, rentable
surtout quand il faut aussi se protéger des cerfs ou des sangliers.
La chasse, une nouvelle démarche pédagogique pour l’étude de la nature.
1°) Du jeudi 13 au dimanche 16 septembre : parcours nature initiatique sur la faune
sauvage ou la faune et la flore de nos plaines et de nos Pyrénées. Animations
élaborées par la fédération Départementale des chasseurs. Foire de Pau 2012. (4
pages dans les boîtes à lettres avec la participation de Total, CCI, C.A., Idelis, PPP....)
2°)Un partenariat a été signé le 4 mars 2010 entre Luc Chatel, Jean-Louis Borloo et la
Fédération nationale de la chasse permettant aux amateurs d’armes d’entrer dans les
écoles pour donner des leçons de « développement durable » aux enfants.
On est en droit de se poser des questions.
• Les chasseurs ont-ils une légitimité pédagogique ? L’examen pour
l’obtention du permis de chasser est-il une valeur sûre pour enseigner à des
adultes et à des enfants des écoles primaires ?
• Les chasseurs ont-ils une légitimité morale en initiant les enfants et les
adultes à tuer les animaux ?
• Les chasseurs ont-ils une légitimité scientifique ? Sont-ils capables de
décrire un écosystème dans sa globalité ? Ont-ils une solide formation sur le
monde des bactéries, champignons microscopiques, l’ensemble des invertébrés,
etc.. qui assurent le fonctionnement des écosystèmes.
• Les chasseurs ont-ils une légitimité écologique ? Ce n’est pas évident ; en
relâchant dans la nature annuellement près de 20 millions d’animaux élevés
(perdrix, faisans, lièvres, canards...) afin d’avoir suffisamment de « cibles »
vivantes, en détruisant systématiquement les prédateurs (renards, martres, etc.)
considérés comme concurrents, qualifiés de nuisible, en nourrissant et
agrainant les animaux sauvages, les chasseurs ne peuvent prétendre « réguler »
la faune.
Les motivations officielles sont le contact avec la nature (99%), la convivialité (93%)
et l’entretien des territoires (89%).
Pourquoi, alors, ont-ils besoin de fusils ?
Cornegidouille, Georges demande à qui le tour après ? Je connais un autre omnivore qui cause pas mal de dégâts dans la nature mais qui est assez malin pour faire accuser les autres. A quand l’ouverture de la chasse à l’homme ?
> Notre environnement est-il entre de bonnes mains ?
10 septembre 2012, par Perplexe
Un des invariants de l’écolo militant est ici utilisé : il s’agit du système en équilibre. Je n’y connais pas grand chose, mais je sais au moins qu’il n’y a jamais eu d’équilibre ; le modèle le plus simple d’un système à proie et prédateur conduit à un cycle limite :
http://images.math.cnrs.fr/L-histoire-mouvementee-des-cycles.html
> Notre environnement est-il entre de bonnes mains ?
10 septembre 2012, par pehache
Ca reste un équilibre, puisque le système revient spontanément à un cycle caractérisque quoi qu’il arrive.
> Notre environnement est-il entre de bonnes mains ?
12 septembre 2012, par Larouture
Généralement, les modèles décrivent un phénomène. Ils n’ont pas forcément un caractère prédictif. Or c’est le côté prédictif que semble privilégier votre commentaire.
Je trouve très intéressant l’article de M. Vallet.
> Notre environnement est-il entre de bonnes mains ?