Pour émerger de ces histoires de poules et de canards mais rester sur l’agglomération de Pau et sa position dans le pays béarnais, je me permets de revenir sur un des points du dossier, et non le moindre, à savoir les moyens de transport, réels et symboliques, qui permettent d’y circuler.
D’abord rappeler que, pour la première fois, une désintoxication du tout voiture a été réalisée par le très heureux aménagement du centre ville. Mais on revient de si loin à l’heure où, dans les faits, Bordeaux réalise une ville sans voitures et où l’Europe travaille sur ce concept... que les contraintes écologiques nous imposent à court terme.
A ce propos il convient de rappeler que Pau ou plutôt ses banlieues urbaines ou suburbaines (comme il est vrai encore de beaucoup de villes en France) se distingue par le laisser-faire total au niveau de l’affichage et de l’urbanisme commercial totalement déréglementé qui transforme toutes les zones, y compris les plus emblématiques, en champs de foire chaotiques et dénués de sens.
Je pense en particulier à l’accès à Lescar Soleil depuis le centre ville via Billère et Lons. Et de l’autre côté du gave à la rocade qui le longe et qui devrait être un des points remarquables de la cité au plan environnemental.Toutes zones bardées de 4X3, aussi inutiles que hideux, à l’heure des GPS et autres smartphones.
Je pense également à l’axe de Soumoulou à Pau via la nationale : improbable cheminement entre une jolie campagne béarnaise et les zones commerciales qui n’auraient pas évolué depuis les années 70.
Il est curieux de constater que cette question, posée en des termes similaires au moins depuis 40 ans, n’ait pu trouver un commencement de solution. Certainement une somme de manque de courage et de continuité contre les pouvoirs, plus ou moins fantasmés, du petit ou grand commerce... pour lequel un environnement joliment et clairement structuré ne pourrait être qu’un atout.
D’autant que la dite question relève de problématiques autrement moins redoutables que celles liées au transport (choix du tout voiture, ou trams, ou bus, densification des centres au dépend des périphéries, place de l’agriculture autour et dans la ville, traitement des déplacements et partage du foncier...)
Peut-être faut-il en appeler à Michel Serres, buveur de mythes et de Garonne et amateur de rugby, qui, à l’occasion d’une émission à la radio, ne pouvait que constater cette dérive et ce laisser-faire des villes françaises pour se conformer sur ce plan aux villes américaines où il dispense ses très savants enseignements.
Lui manifestement n’avait pas la solution... Peut-être que quelques élus d’agglomération... capables de flairer et de surfer sur le nouvel air du temps...
Pourquoi, sur un plan plus large, ne pas construire un pays du Béarn qui se réveillerait de sa léthargie dans laquelle il baigne depuis les années 60 ? Sans doute par excès d’atouts, singulièrement naturels et industriels, qui demeurent, face ou avec, un pays basque, trop largement urbanisé et dans un contexte pyrénéen entre le midi atlantique et le midi languedocien...
L’atout paradoxal, c’est l’urgence qui commande largement de changer de modèle et de braquet en oubliant les recettes éculées comme la Pau Bordeaux consommatrice d’espaces naturels et agricoles que n’empruntent ni les particuliers ni encore moins les camions...
Mais, il s’agit d’autres problématiques. Celles du jour d’après. Du jour où l’essence aura disparu et qu’il ne serait pas forcément sot d’anticiper... Certainement l’objet d’une autre chronique où, définitivement, mais certainement à regret, on oubliera les poules et les canards, les dindons et oies... et même l’âne et le bœuf.