Lorsque nos édiles parlent de mixité sociale, c’est en général pour se déculpabiliser de ne pas savoir comment en faire ! Et lorsqu’ils la pratiquent à leur insu -comme Molière faisait de la prose sans le savoir- voilà qu’ils rasent ce qui était un modèle de cohabitation : le Stade nautique.

10H Ouverture des bassins. Place aux lève-tôt et sportifs. On se salue poliment. Sans bruit. On fait ses longueurs dans le clapotis de l’eau encore fraîche du matin.

11H Voilà les familles du quartier et du centre ville qui poussent les portes des vestiaires. Désuets c’est sûr, mais peu importe... Quelle belle journée en perspective ! Bouées, seaux, pelles, pique-nique... L’huile solaire a un léger parfum bcbg !

12H Deux nageurs handicapés approchent leurs fauteuils roulants du bassin. Des habitués ! Un maître-nageur s’approche, engage la conversation, apporte spontanément son aide.

13H C’est l’heure des premiers ados. Deux « bandes » nonchalantes qui attendent avec impatience l’ouverture des plongeoirs. Ce fameux « 3 mètres » unique à Pau ! L’an passé, en fin de saison, les plus jeunes se disaient « C’est sûr l’an prochain je saute ». Ils vont être déçus !

14H Tiens voilà une classe de Marguerite de Navarre qui vient fêter la fin de l’année à la piscine. Un prof de sport sympa les accompagne. Dans quelques jours les centres de loisirs prendront le relais.

15H Un groupe de filles. Elles habitent l’Ousse des Bois. Le Stade Nautique, pour elles c’est Saint-Trop’, la liberté, les vacances... Elles achètent des carnets de 10 tickets « tarif famille nombreuse » pour quelques euros, sortent leurs nouveaux maillots de bain. Retrouvent leurs frères et cousins dans le bassin.

17H Cinq élèves de l’école du Buisson d’une dizaine d’années - qui n’ont plus que quelques jours de classe- ont arraché à leurs parents l’autorisation de venir seuls à la piscine avec les copains. Génial !

19H Au tour du club de plongée sous marine ! Les veinards, ils sont tout seuls dans le bassin !
Les étudiants embauchés par la mairie pour l’été rendent leur tablier. A demain !

J’oubliais les riverains, dont je fais partie... Durant deux mois - enfin je parle pour moi- ils entendent avec bonheur le doux bruit de la vie qui monte du bassin, savourent les hordes d’enfants gorgés de soleil qui remontent l’avenue Nitot avec une serviette sur l’épaule... Ils vont prendre le bus, bien dormir et revenir demain matin ! C’est sûr... Pour eux pas besoin de vanter les « vacances en ville ». Beaucoup n’ont pas le choix et c’était plus doux avec le Stade Nautique. Et puis, quand on est à la piscine, on ne fait pas de bêtises ! Madame Lignères-Cassou, ne sacrifiez pas notre modèle de mixité sociale ! Si bien placé, en cœur de ville, dans un quartier qui ressemble l’été à une station balnéaire. Il aurait fallu songer plus tôt à entretenir et faire évoluer ce superbe équipement depuis longtemps avant-gardiste en terme de cohabitation... Mais voilà les élus ne vont jamais à la piscine !

- par Philomène Potin