Nous pouvons également nous réjouir d’avoir une autre société savante
Société des sciences, lettres et arts de Pau
Notice disponible sur le site de la Bibliothèque Nationale de France, par M. Christian DESPLAT, professeur à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour
La première SSLA de Pau fut fondée le 30 janvier 1841 ; héritière de l’Académie Royale du XVIII° siècle elle présentait quelques analogies avec cette institution : un cénacle étroit de 36 membres résidents, de 46 membres non résidents et de 10 correspondants. Les membres devaient acquitter une lourde cotisation annuelle. Présidée par un professeur au Collège Royal, la SSLA recrutait dans la bourgeoisie libérale et volontiers républicaine (V. Lespy, P. Sacaze). Elle fonda un Athénée municipal qui donnait des cours gratuits de Droit, d’hygiène, de littérature et d’astronomie. Sans doute faute de moyens, cette Société, en dépit de la qualité de son enseignement et de ses publications, (un volume de 384 pages en 1843), cessa ses activités en 1843.
Refondée le 29 juin 1871, avec la bénédiction du Préfet, pour « relever le niveau des œuvres de l’esprit », la nouvelle SSLA comptait 67 membres, dont 27 hommes de loi, juristes et magistrats. Elle conjuguait élitisme et méritocratie. On y retrouvait des sociétaires de 1841, républicains (l’archiviste P. Raymond, le bibliothécaire L. Soulice), des médecins (Duboué, V. Meunier). La magistrature était souvent issue d’anciennes familles parlementaires ; les enseignants du Lycée de Pau étaient bien représentés, côtoyant des personnages issus du monde des "hivernants", Anglais ou membres de vieilles familles gasconnes : Gontaut-Biron, Laussat.
La SSLA d’abord inspirée par l’esprit de revanche fut en réalité un lieu de mixité sociale et intellectuelle entre les descendants des élites d’Ancien Régime et ceux de la méritocratie républicaine. Dès 1872, elle comprenait 159 adhérents et correspondait avec 32 sociétés soeurs. Jusqu’à la Grande Guerre, ses présidents furent choisis parmi les présidents de la Cour d’appel et son premier secrétaire, l’archiviste P. Raymond, inamovible, fut longtemps la cheville ouvrière de la Société.
Elle publia chaque année un Bulletin, (sauf entre 1920-1925 où furent pliés des fascicules trimestriels) ; la première guerre mondiale contraignit par ailleurs la Société à regrouper en un seul volume les années 1914--1917 et 1918-1919.
Entre 1871 et 1884, le Conseil changea chaque année de président. A partir de 1884 commencèrent de très longues présidences ; celle de L. Lacaze, inspecteur des domaines et d’A. Planté, un notable orthézien. A Planté fut un des fondateurs de l’Union historique et archéologique du Sud-ouest et de l’Escoule Gaston Fébus. En 1912, la SSLA confia sa présidence au chanoine Victor Dubarat qui la conserva jusqu’en 1937.
De 1843 à 1914, la SSLA de Pau consacra l’essentiel de son activité à des travaux historiques et archéologiques ; mais elle publia également des articles scientifiques : quelques uns de mathématiques et de physique et surtout de sciences naturelles (géologie et climatologie). Ce type de publication disparut après 1914. Naturellement consacrée à l’histoire du Béarn, la SSLA ne s’est jamais enfermée dans le régionalisme. La grande majorité des travaux traitait d’histoire sociale, un quart des articles, d’histoire politique et culturelle, à égalité, des sciences auxiliaires. L’histoire économique et religieuse furent d’abord délaissées, à l’exception d’un vif débat autour de la Réforme calviniste entre le pasteur Cadier et le chanoine Dubarat et des travaux sur l’histoire des forges et des ressources minéralogiques. Au cours de la période antérieure à 1914, le Bulletin se distingue enfin par la publication de nombreux textes inédits, souvent disparus depuis.
N.B : La publication de la SSLA a pris, depuis 1973, le nom de REVUE DE PAU ET DU BEARN. La SSLA a par ailleurs publié en 1993 un INDEX général (1841-1992).
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