Réalisateur et scénariste : Michael Haneke Avec : Ulrich Tukur , Burghart KLAUSSNER , Susanne Lothar...
Synopsis : Un village protestant de l’Allemagne du Nord à la veille de la Première Guerre mondiale (1913/1914). L’histoire d’enfants et d’adolescents d’une chorale dirigée par l’instituteur du village et celle de leurs familles : le baron, le régisseur du domaine, le pasteur, le médecin, la sage-femme, les paysans... D’étranges accidents surviennent et prennent peu à peu le caractère d’un rituel punitif. Qui se cache derrière tout cela ?
Le ruban blanc de Michael Haneke qui 2h30 durant nous narre ce que l’on pourrait appeler l’école de la haine ordinaire : à la veille de la première guerre mondiale, dans un petit village protestant de l’Allemagne du Nord se déroulent différents accidents qui prennent peu à peu le caractère d’un rituel punitif. En pointant du doigt une violence sourde et archaïque (éducation stricte impliquant châtiments corporels, frustrations quotidiennes et vexations morales) auprès d’une jeunesse qui n’en demandait pas tant, Haneke met en évidence ce qu’il considère être les mécanismes qui mènent au fascisme ordinaire. Et il faut bien l’avouer la démonstration fait sens et est implacable. Haneke use pour cela d’une mise en scène faite d’une photo en N&B (ou plutôt en gris et blanc) qui cadre parfaitement avec son sujet. Ses acteurs font tous froid dans le dos à commencer par les enfants qui rappellent immanquablement Le village des damnés de Wolf Rilla. Haneke filme sans concession et comme à son habitude des plans souvent immobiles laissant se développer l’action un peu à son insu et un peu à la manière d’une caméra de surveillance (qui à dit Caché ?). Un décalage qui renforce la violence off, celle que l’on ne voit donc pas à l’écran. C’est franchement brillant et c’est renforcé ici par le sentiment que l’on a l’impression de voir du Dreyer dont Ordet se rapprocherait le plus tant dans la forme que dans le fond. Alors bien entendu on pourra trouver cela artificiel et rasoir mais pour peu que l’on prenne la peine de s’impliquer, Le ruban blanc déroule alors un concentré virtuose de cinéma et d’histoire qui n’aura de cesse de susciter polémiques, réflexions et âpres discussions. Essentiel !