Le quotidien "Sud-Ouest" a publié un article samedi 16 janvier 2010 concernant l’installation à Billère du second panneau publicitaire (l’autre se situe route de Bordeaux) fonctionnant par diodes luminescentes (LED : light-emitting diode). Bon, why not ?
Mais là où je me marre, c’est dans la lecture de cette phrase : "son maire y voit le moyen de lutter contre la pollution visuelle." Si vous voulez tenter une expérience inédite, sans recours à aucun moyen prohibé par la loi, placez-vous à proximité -entre 2 et 3 mètres- du panneau (en face, pas derrière), ouvrez vos mirettes, et fixez-le avec concentration. Vous serez éblouï, transporté, votre cerveau s’envolera par les yeux dans le monde merveilleux de la consommation, avec dix spots de dix secondes toutes les cent secondes (c’est logique), tournant en boucle 24/24h pour un euro (dixit le délégué régional de Cocktail Vision, qui commercialise ces panneaux) par jour de consommation électrique : pas plus qu’une bonne télé qui, au demeurant, ne fait pas mieux (en parlant des 100=10x10 spots publicitaires). Ainsi, vous flasherez à tout-va jusqu’au délire des sens, les pupilles rougies, gonflées, sidérales, et, ô technologie ! un nouveau spot s’intercalera alors, municipal celui-là, affichant une "alerte enlèvement" très visible, utile au-delà des sept mondes virtuels, et, comme il y a une fin à tout, le SAMU viendra vous embarquer d’urgence pour vous emmener dans une chambre noire, au calme visuel.
Bon, il ne faut pas être négatif. Jayex Technology est une boîte anglaise qui développe le procédé depuis une petite trentaine d’années, et ses panneaux sont fabriqués en Europe (pas comme la majorité de nos écrans télévisuels). Les LED ultralumineuses ne sont pas suralimentées (mais là, c’est du chinois, pour le péquin), et les casquettes sont constituées de dalles avec minituiles individuelles (qui évitent l’accumulation des poussières et n’altèrent pas la luminosité, ainsi que le savent les porteurs de casquettes huit cotes Patchwork et que l’ignorent ceux qui se couvrent le chef de Gatsby ou de Burberry rouge, bien que toutes soient irlandaises et non anglaises comme Jayex, my god.
En bref, pour ne pas tomber dans le panneau publicitaire sans papier, colle, colleur -encore du chômage en perspective-, mais visuellement incontournable, il semble qu’il soit parfaitement illusoire de croire que "l’intérêt, c’est surtout de concentrer les pubs sur un même support pour diminuer le nombre de panneaux sur la commune." ( le maire de Billère, dans "Sud-Ouest"). Ces panneaux fleuriront partout, à la longue. A considérer, simple exemple, que chaque commune n’en mette qu’un, disons sur la route de Bayonne : Pau, Billère, Lons , Lescar :cela fait quatre panneaux irradiant les merveilles mises en vente dans les divers commerces locaux-nationaux -soit 40 pubs différentes sur 2 km, qui crépiteront comme un feu d’artifice sur fond métallique agressif à chaque changement d’annonce-. Subsisteront les enseignes fixes de chaque commerce, qui les positionnent géographiquement, et tous les rogatons trainant en bordure de route...
Des sociétés telles qu’Oxialive, Imecran, Clear Channel France, Medialarge, Grand Sud Communication, Orca Vision, travaillant sur les mêmes créneaux, ne manqueront pas d’envahir tous ces lieux publics et privés, à terme (rapide). On finira par trouver un certain charme désuet aux radars automatiques, qui ne flashent que pour l’intérêt du ministère des finances. Cocktail Vision n’intervient que sur le domaine public. Le remplacement des panneaux lumineux municipaux (exemple, à Bressuire -Deux Sèvres-) entre dans leurs attributions, donc imaginons sur Pau le nombre de ces points luminescents à bérets en miniardoises individuelles.
Une idée des prix (sur la Vendée, où cette société est implantée) : 1800 euros la semaine pour les professionnels, et 70 à 100 pour les particuliers, car ces panneaux sont ouverts aux particuliers pour adresser leurs messages personnels. Nous en avons d’ailleurs préparé quelques uns : "A&P, je t’M", "Ginette, reviens, je le f’rai plus, c’est promis !", etc (les fautes d’orthographe sont avec supplément).
Sans parler des risques accidentogènes qu’un tel déferlement de flashes fluos multicolores pourraient générer chez le conducteur daltonien. Mais comme dit le proverbe : " Si l’amour de la citoyenne rend aveugle l’urbaniste, une ville aveuglée rend amer le citoyen amoureux."
J’ai cru entendre que la taxe professionnelle serait prélevée à l’avenir sur les enseignes et panneaux annonceurs en fonction de leur format....
Des fois on en rêve...
Cette taxation de la pollution visuelle me paraît tout à fait pertinente.
C’est la première mesure à peu près intelligente que le gouvernement Sarkozy nous pondrait.
Puisse-t’elle se mettre en oeuvre au plus vite et au prix fort !
Pourvu que les panneaux de ce type n’y échappent pas !
On verra sans doute très vite certaines communautés gourmandes d’annonceurs....
Il nous reste à fermer les paupières pour y échapper.
Au volant, ça pourrait vite être fâcheux d’ailleurs !