Je ne dirais pas que je fais une analyse totalement inverse de la vôtre, Bernard, mais presque.
Tout d’abord, il ne faut pas attribuer au PNP plus que pouvoir qu’il n’en a : la zone centrale du parc, seule zone où il existe une réglementation spécifique, est ridiculement petite. Quant à la zone périphérique, qui couvre quant à elle une surface conséquente, je n’hésite pas à penser que c’est du vent : aucune réglementation contraignante dans cette zone. Dans ces conditions, le PNP a en fait une influence réelle qui se limite à une bande plus moins large (plutôt moins que plus) le long de la frontière, à l’étage alpin principalement. Si le développement économique est faible dans la zone périphérique, le PNP n’y pour rien (au contraire, même, car il injecte tout de même 5M€ par an sous forme d’aides à divers projets dans cette zone).
Voilà qui explique aussi que l’ours de souche ait quasiment disparu malgré le parc : bien que la protection de l’ours ait été une des raisons principale motivant la création du PNP, aucune zone à ours n’a été finalement incluse dans la zone centrale du parc, qui n’avait donc aucun moyen d’action pour protéger le territoire de l’ours. A l’époque de la création du PNP les communes, s’estimant dépossédées de leurs territoires ancestraux, n’ont quasiment rien voulu lacher au parc.
Sinon, je suis un peu surpris par votre commentaire sur la fréquentation en baisse, car quand on écoute les commentaires des valléens, ils se plaignent au contraire souvent de la surfréquentation touristique de la montagne. Et ça ne concerne pas que les points aménagés de type Pont d’Espagne (au passage, ce type d’aménagement va vraisemblablement être répété à Bious-Artigues), mais l’ensemble des grand chemins. Les refuges (dont beaucoup de la dérive hôtel-snack) sont pleins à craquer de plus en plus souvent parait-il...
Par contre les petits sentiers qui disparaissent sont une réalité, l’explication résidant dans les nombreuses pistes pastorales et/ou forestières ouvertes ces 20 dernières années : une fois une piste ouverte, les sentiers de la zone sont délaissés.
Vous parlez de sanctuarisation de la montagne, mais outre que je ne la ressens pas vraiment, j’estime même qu’elle est insuffisante. Un Parc National devrait avoir pour but premier la préservation de la nature, le développement économique ne venant qu’ensuite dans les priorités, si il est compatible avec la préservation de la nature (et non pas l’inverse). Or ce qui se fait dans le PNP et plus généralement dans les PN français est singulèrement en retrait par rapport aux pratiques de beaucoup d’autres pays (du monde anglo-saxon notamment, mais pas uniquement). A l’étranger, il n’est pas rare que des zones entières soient quasi-interdites d’accès, et que d’autres zones soient d’accès très encadré, et il faut pas croire que cela empêche tout développement (voir le cas des Abruzzes). Rien de tel dans le PNP, où l’accès est libre partout, avec très peu de restrictions (et qui ne sont pas toujours bien respectées). Difficile de parler de sanctuarisation dans ces conditions.
Le PNP a aussi laissé construire une station de ski de fond (au Somport) en pleine zone centrale : un cas unique (qui lui avait valu le retrait de son diplôme européen en son temps) !
Une des conséquences de tout cela a par exemple été que le PNP a été incapable d’empêcher le bouquetin des Pyrénées, qui vivait pourtant en pleine zone centrale, de disparaitre.
Le pire est que la réforme en cours des PN ne va pas vraiment dans le bon sens... La nature en France est vraiment la 7ème ou 8ème roue du carosse, les lobbys agricoles et cynégétiques ayant des poids beaucoup trop importants.
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