En France sévit un dénigrement systématique de la classe politique qui ne donne pas envie que l’on se joigne à l’antienne « Tous pourris ! ». Aussi, quand se présente l’occasion de féliciter les parlementaires, il faut la saisir !.
Peut-être aurez-vous pris ce titre pour une allusion ironique aux manœuvres de Jean-François Copé et Christian Jacob pour vider la loi sur la transparence financière de la vie politique de son contenu. Leur opposition à toute incrimination pénale des députés en cas de fraude sur leur déclaration de patrimoine et à tout accès de la commission de contrôle aux déclarations de revenus des députés, ils mettaient ceux-ci au-dessus des lois. Bel exemple de renversement de ce qui devrait être le rôle des parlementaires : constituer un modèle pour les citoyens ! Il est vrai que l’exemple vient de haut : mettre sous le boisseau des dispositions importantes de la constitution comme l’a fait le Chef de l’Etat cet été, ou critiquer des décisions de justice comme vient de le faire M. Hortefeux alors qu’il devrait réclamer des peines exemplaires contre les ripoux ouvre la porte à toute dérive.
Mais ce n’est pas de cela dont il s’agit ici, et nous ne mettrons pas dans le même panier tous les parlementaires. C’est l’acte de résistance aux injonctions de Bruxelles quant à la libre circulation du tabac que nous voulons souligner ici. Il est méritoire car notre pays s’expose ainsi aux foudres (et aux amendes) de la Commission européenne. Et aussi parce qu’il va à contre courant de l’idéologie dominante de la primauté du marché et de la libre circulation. Il n’est pas question ici de nier les bienfaits de la concurrence. Mais le libéralisme a ses limites. Le tabac est une drogue, dont l’addiction est peut être plus sévère que l’addiction au cannabis. Ses effets en termes de santé publique sont considérables.
Par ailleurs, les taxes sur le tabac représentent des recettes non négligeables pour l’Etat. De sorte que si nivellement il doit y avoir en Europe, il serait plus avisé de le faire par le haut plutôt que par le bas. Cela freinerait la consommation, éviterait une contrebande dommageable pour les bureaux de tabac des régions frontalières comme la nôtre. N’oublions pas que le café-tabac représente dans bien des villages le dernier lieu de vie commune. La tolérance qui existe sur le tabac et l’alcool est déjà fort élevée. Elle entraîne des déplacements qui affectent d’autres secteurs du commerce.
Par ailleurs, un prélèvement plus important sur le tabac apporterait des recettes supplémentaires à un pays comme l’Espagne qui en a le plus grand besoin. Que ce pays consacre plus d’argent à son équipement ferroviaire et lutte plus efficacement contre un chômage de masse ne pourrait que renforcer l’Europe. Car il n’est pas question de nier les bienfaits d’une solidarité réelle entre les pays européens. Et lutter ensemble pour l’emploi est plus important que lutter pour le dogme du libéralisme à tout crin.