C’est l’histoire d’un parisien récemment installé à Pau pour sa retraite et qui avait décidé de donner tout ce qu’il savait à sa ville d’adoption. Meilleur moyen : les Conseils de Quartier. Un engagement total.
C’est l’histoire de Gérard Bois, pivot du conseil de quartier Pau centre-ville, qui vient de remettre sa démission. La cause directe de cette décision ? "Un malentendu" a déclaré l’adjointe du quartier, Anne Bernard. N’est-ce pas plus grave ?
Depuis la 1er avril dernier, le Conseil de quartier Pau centre-ville tient une permanence * dans son local du complexe de la République, la 1ére et la 3ème semaine de chaque mois, le vendredi et le samedi. Les premières n’ont pas attiré la foule ! Pourquoi ? Le local n’était pas identifié et les permanences n’avaient été annoncées ni dans les publications municipales, ni dans la presse locale. Les 20 et 21 mai enfin, les habitants ayant été dument informés, des personnes sont venues.
Pour souligner qu’enfin les choses bougeaient, Gérard Bois transmit à Anne Bernard, aux conseillers du quartier et à Christine Heyde-Bétancourt, chargée de mission "Conseils de quartier" un compte rendu indiquant les suggestions et demandes des habitants. Rien de révolutionnaire : des aires de jeux pour les enfants, des conteneurs à ordures, des stationnements interdits et des activités nocturnes bruyantes.
En retour, Christine Heyde-Bétancourt lui a rappelé, par courriel, la procédure définie lors de la rencontre entre les membres du Bureau du conseil de quartier et la responsable de ce service, Hélène Laberdesque - Extrait du compte-rendu de cette réunion :
« ...La priorité sera donnée à l’orientation des personnes vers le service EDP (ndlr : Ecoute du Domaine Public), afin que les demandes soient enregistrées directement par la cellule accueil. Seules les demandes émanant de personnes n’étant pas en capacité de saisir directement le service EDP, seront relayées par les conseillers de quartier. La réponse sera alors faite au conseil de quartier, à charge pour lui de la transmettre au demandeur. Mmes Anne Bernard et Christine Heyde-Bétancourt seront en copie des échanges. » - et, sous entendait que cette procédure n’avait pas été respectée puisque les demandes avaient toutes été enregistrées par Gérard Bois au lieu d’être déposées directement par les palois au service Ecoute du Domaine Public.
Pourquoi ce message a-t-il fait naître colère et écœurement chez Gérard Bois ? Pourquoi a-t-il décidé de démissionner ?
Ces permanences ont été obtenues, comme le local du complexe de la République, de haute lutte par les conseillers du quartier en général et Gérard Bois en particulier. Elles sont la seule occasion d’écouter les habitants et de faire remonter quelques informations vers la municipalité.
A l’usage, la procédure imposée par le service Ecoute du Domaine Public s’est avérée tellement restrictive qu’elle enlève toute raison d’être aux permanences. Il suffit de mettre une affiche sur la porte du local : Pour toutes suggestions ou réclamations, téléphonez au service Ecoute Domaine Public.
C’est ce constat d’inutilité. C’est le décalage entre le discours officiel de la municipalité et son vécu de conseiller qui ont conduit Gérard Bois à la démission.
Que vont devenir les permanences du vendredi et du samedi ? Peuvent-elles perdurer alors que Gérard Bois en gérait le planning et y était présent chaque fois que nécessaire ; alors que les conseillers de quartier ne savent plus ce qu’ils ont à y faire ? On peut en douter.
Le conseil de quartier Pau centre-ville était déjà réduit à une petite quinzaine d’habitants-citoyens présents régulièrement. Va-t-il disparaître faute de « combattants » ? A qui reviendra la responsabilité de cet état de fait ?
Et en arrière-plan de ce grave incident, toujours la même question : A quoi servent les conseils de quartier ? A entretenir l’illusion d’une démocratie participative ?
- Par Hélène LAFON (le 7 juin 2011)
* Vendredi 2 et samedi 3 juin, il n’y a pas eu de permanence des conseillers de quartier. Ceux qui s’étaient portés volontaires ont ainsi protesté contre le manque de considération dont ce triste incident est la preuve !
A souligner : Depuis le rédaction de cet article, Anne Bernard a fait savoir que la mission des conseillers pendant les permanences serait rediscutée lors de la prochaine réunion du Conseil de quartier Pau Centre-ville, espérons qu’il sera possible de retrouver un consensus et de repartir sur des bases solides. Souhaitons que Gérard Bois veuille réintégrer le conseil et que sa démission soit oubliée.
N’hésitez pas à demander l’impossible, nous sommes en année électorale.... ! Anne Bernard, avant tout "politique", ne peut se payer le luxe d’être à l’origine d’une désaffection des électeurs locaux pour le PS. Ne vous laissez pas endormir par les sempiternels "mais non, ce n’est pas ce que l’on a voulu dire...""vous avez raison, on va faire ce que vous dites". Oui mme Lafon, vous avez raison de parler de fausse démocratie participative. Difficile pour un élu de se rendre compte que le bas peuple ne se laisse pas dompter aussi facilement, en dehors des élections. Et oui, il pense et souvent plus que l’élu. Surtout sur des questions très matérielles de la vie quotidienne qui ne préoccupent plus les purs politiciens du cercle proche de notre édile... Finalement, au moins Labarrère était sincère lorsqu’il ne prêtait aucune attention à ses concitoyens si ce n’est pour favoriser sa ré-élection. Pauvres palois. Et nous en avons jusqu’en 2020 !!