Cela m’importait peu, car je n’avais aucun but précis, sinon celui de bouger, après tant de mois d’inactivité physique. Si vous aussi souhaitez faire une randonnée facile, suivez-moi !
Mais n’imitez pas mes erreurs ! A moins que vous vouliez travailler le matin, il n’est pas judicieux de partir l’après-midi, même lorsque le temps est beau, comme en ce début d’août. Et si le soleil est ardent, il est recommandé d’avoir un couvre-chef. Une bonne carte au 25.000 est indispensable, à moins de très bien connaître l’endroit. Ce n’était pas mon cas. Parti le nez au vent, j’ai visé les premiers contreforts des Pyrénées, vers Lourdes.
La vallée de Batsurguère se fait discrète. Je vous ai déjà parlé des trois villages, Omex, Ossen, Ségus qui s’y blotissent. Ils ont un peu perdu de leur cachet depuis que des maisons qui sentent la banlieue y ont été bâties. Les images que je vous joins proviennent de cette seconde randonnée (faire Machu-Picchu sur la recherche du site).
Comme je voulais faire bouger mes jambes plutôt que ronfler le moteur de ma voiture, j’ai abandonné celle-ci peu après Omex. Mais vous voudrez sans doute aller jusqu’au carrefour appelé Cap de la Serre où se trouve un parking, derrière le grand crucifix. Mes mollets ayant déjà souffert dans la montée, je décidai de ne pas les solliciter immédiatement en allant vers le Pibeste, réservant l’effort pour une autre fois. Ce plat de la vallée était trop tentant, et l’odeur des foins que l’on ramassait trop agréable. Cependant, la pause dans la montée ne pouvait pas trop durer et après une quinzaine de minutes, un petit panneau invitait à suivre le GR 101 sur la droite. Il portait la référence des "Chemins d’Emilie", ce qui me rassura, car mes ambitions se limitaient à une promenade du genre familial. Cependant, mes regards étaient tournés vers la crête sud, car j’imaginais que la vue y serait belle.
J’eus la chance de rencontrer un randonneur, lourdement chargé. Il manquait d’eau, et moi de carte. Un échange rapide s’imposait, d’autant que je le mis en garde sur les suintements du Prat du Rey : il y avait trop de troupeaux aux alentours, moutons et vaches. Justement, j’avisais deux randonneuses penchées sur un petit veau. Celui-ci venait de naître et semblait bien faible et sanguinolent. Celles que j’avais prises pour des randonneuses en raison de leur tenue étaient en fait une fermière et sa fille. Elles s’inquiétaient du désintérêt de la vache qui avait mis bas pour son nouveau-né, ne se décidant pas à le nourrir, tandis que des vautours tournoyaient dans le ciel. La situation était poignante, mais je ne pouvais trop m’attarder. Aussi, j’abandonnai le petit groupe et aussi l’idée d’aller jusqu’au col d’Andorre, afin de me diriger vers la crête pour le retour.
Hélas, ce que j’avais pris pour un sentier se dirigeant vers la crête n’était que la trace du passage répété des bêtes. Aux confins de la forêt,il se perdait. Que faire ? La crête montrait une brêche peut-être infranchissable. S’engager dans la forêt pour tenter de trouver un sentier que j’avais vu sur la carte était bien aléatoire, l’heure avançant. La présence de barres rocheuses difficiles à prévoir m’incita à une conduite prudente : descendre vers le fond du vallon. Après quelques efforts, je trouvai ainsi un bon sentier (venu du Prat du Rey !) menant à un abreuvoir (la Fontaine de Saube). Peu après, c’est une route forestière qui s’ouvrait devant moi et il suffisait d’en suivre les détours pour retrouver mon point de départ. Si, comme moi, vous aimez les boucles, faites ce chemin en sens inverse, de sorte que vous monterez en pente douce et à l’ombre de la forêt, gardant le GR 101 pour la descente.
Mais, de grâce, si vous êtes un adepte des réseaux sociaux (ou si vos pas vous conduisent par là) donnez-moi des nouvelles du petit veau. Les charmantes bergères au look moderne sont sûrement affiliées à un Facebook ou un autre : il n’y a pas que sur la Place Tahir que téléphone portable et internet peuvent être en action. Dans le Lavédan, on doit pouvoir joindre A@P.