Ce n’est pas qu’il se soit trompé, non ça c’est impossible, mais il n’a tout simplement pas été compris. Pas parce que ses électeurs seraient des lourdauds, bien sûr. Bien que son cher Béarn qu’il aime à citer le plus souvent possible lorsqu’il parcourt les studios de radio et de télévision parisiens en tous sens ne soit pas , comme le lui dit souvent Marielle, terre de grande finesse politique, c’est sûr.
Pourtant et à y réfléchir encore et encore, il n’y a pas eu d’erreur. Opposant de la première heure à la sarkozie, bretteur infatigable et inflexible, il a fait obstacle de son corps à la plus petite des initiatives de son ennemi préféré sans jamais lui laisser la moindre chance, au nom d’un centrisme postural progressivement promu en religion de stricte orthodoxie. L’empire du milieu, le centre de nulle part. Sans autres projets qu’une distribution alternative de claques et de coups de pieds. Une à gauche et deux à droite. Non pas qu’il n’ait eu à cœur de ramener les uns et les autres à la réalité sinistre de la crise que nous traversons. Mais encore eut-il fallu qu’il nous donne les clés de notre salut. Un projet, un programme, autre chose que la litanie de ses critiques d’autant plus acerbes qu’il se sentait de moins en moins compris et s’enfermait dans ses certitudes.

Pas compris non plus sur ses terres d’équilibre et de modération, dans sa propre circonscription, lorsqu’il rompit cet équilibre convenu qui lui avait permis de maintenir à Paris la tête à gauche tout en gardant les pieds à droite, dans la glaise béarnaise.

Pas compris lorsqu’il prit prétexte de la droitisation de la campagne de l’UMP pour se rallier piteusement à sa propre majorité partisane et parisienne, dont il savait bien qu’elle l’obligerait de retour à Bordères, à un grand écart que sa souplesse coutumière ne lui permettrait peut-être plus de réaliser.

A moins que ses électeurs béarnais n’aient que trop bien compris où son entêtement ne pouvait que le conduire. A force de rejeter toutes les initiatives de ses anciens amis, en espérant trouver avec l’aile droite du PS une majorité opportuniste, n’est-il pas lui, François Bayrou, le premier responsable de la droitisation d’une UMP contrainte à défendre ses positions contre un FN populiste et conquérant ? Peut-il nier sérieusement que s’il avait accepté de garder sa place et sa spécificité dans l’ancienne majorité, il aurait pu en contrepartie l’empêcher de céder à la tentation démagogique et à cette dérive droitière et populiste à laquelle son obstination stérile et inutile l’a poussée et qu’ indigné, il lui reproche aujourd’hui ?

Et peut-il de retour dans un Béarn qui ne mérite hélas son intérêt que tous les 5 ans, se déclarer sincère, innocent et incompris, mais confiant en ses électeurs comme il l’est en ses chevaux, quand il vient leur parler doucement à l’oreille ?

A dimenge François".