"On a vingt-quatre heures pour maudire ses juges et un mois pour faire appel", c’est un vieil adage qui exprime l’exaspération qu’on peut ressentir devant une décision judiciaire et l’espérance d’en obtenir l’annulation. Il faut savoir garder raison surtout quand on est porteur de responsabilité politique.
La mise en examen d’un ancien Président de la République ne peut certes pas être un évènement anodin même si, en soi, elle se conçoit dans une société démocratique. On peut comprendre qu’elle surprenne certains ou qu’elle en satisfasse d’autres. Chacun la perçoit selon sa sensibilité. Parmi toutes les réactions émises, aucune ne peut se fonder sur la connaissance du dossier d’instruction qui par nature est confidentiel et c’est en cela qu’on peut être étonné par certaines appréciations portées sur un magistrat qui n’a d’ailleurs pas décidé seuL. Comment, sans savoir ce qui a pu se passer, sans savoir ce qui s’est dit dans le cabinet d’instruction, a-t-on pu qualifier cet acte judiciaire de "décision indigne,irresponsable" ou dire "je trouve cela ahurissant et abject" voire pire.
L’amitié et l’affection qu’on peut avoir pour la personne mise en examen, justifient la compassion qu’on lui manifeste. Mais comment porter un jugement sur une décision qui n’est pas motivée et s’en prendre violemment à un juge. La chose est plus grave qu’il n’y paraît. Ceux qui ont fait douter de l’objectivité de ce magistrat ne se rendent pas compte de l’impact de leurs propos sur la masse de ceux qui, insatisfaits de décisions judiciaires, crient à l’injustice, doutent de l’indépendance des juges, insinuant toujours des combines ou conférant à l’argent un pouvoir qu’il n’a pas dans les tribunaux. Ceux qui par profession côtoient nos juges peuvent affirmer que notre magistrature mérite quelques égards. Dans une société soumise à bien des tiraillements familiaux, économiques, sociaux, nos juges essaient de faire au mieux et ce n’est pas facile. Ils peuvent se tromper comme tout un chacun, mais les divers remparts contre l’arbitraire sont tels qu’on ne doit pas jeter l’opprobre sur notre justice. Une grande majorité des citoyens -88 pour cent selon un récent sondage- ne fait pas confiance aux politiques, mais si certains parmi ceux-ci font douter de l’impartialité des juges, ils doivent savoir qu’ils ouvrent le champ à de lourdes interrogations voire à des désordres, car un citoyen qui doute de ses juges se fait justice lui-même .
Cela dit, la mise en examen du Président SARKOZY est peut-être ce qui pouvait lui arriver de mieux. Si elle n’était pas intervenue le bruit aurait couru qu’il a bénéficié de protections diverses.
Par contre, si l’affaire se conclut soit par un non-lieu (à poursuites),soit par une relaxe, l’ancien Président aura prouvé son innocence et partant son honnêteté.
Quant à entendre qu’il est le seul capable de battre le Président HOLLANDE en 2017, la chose prête à sourire. Que seront-ils devenus entre temps l’un et l’autre ? Rappelez-vous, il y a deux ans, il n’y avait que M. STRAUSS KAHN qui pouvait triompher de M. SARKOZY... Nous connaissons la suite. Les voix qui, à l’UMP soutiennent cette thèse, ne voient-elles pas qu’elles décridibilisent ceux qui, parmi les leurs, se sentent une vocation présidentielle ?
La décision de mise en examen n’a pas être motivée car elle n’entraîne pas condamnation pénale définitive. L’idée était certainement également de ne pas fragiliser l’instruction. En revanche cette décision peut faire l’objet d’un recours en nullité.
> Adage des gens de justice
1 avril 2013, par Daniel Sango
Bien sûr qu’elle n’entraîne pas condamnation, mais motiver implique d’écrire les raisons et donc confronte le magistrat à un écrit qui pourra préciser sa responsabilité pour cette mise en examen. Ne pas motiver donne l’impression du fait du prince...
Pas très équitable...